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du Brésil s’arrêtent à Saint-Vincent, dans l’archipel du Cap-Vert, et n’abandonneront ce port que pour faire escale à Gorée. Ténériffe, la principale des Canaries, est sur la route du Mexique, les Açores sur la route des États-Unis. Les steamers et les navires de toutes les nations prendraient bientôt l’habitude de relâcher devant ces îles pour y attendre les nouvelles d’Europe et d’Amérique. Les communications avec le sud, le centre et le nord du Nouveau-Monde gagneraient moitié du temps qu’elles emploient aujourd’hui pour traverser l’Océan-Atlantique.

D’ailleurs il est probable qu’une étude sérieuse des espaces compris entre le Cap-Vert et le Brésil, ainsi qu’entre les Açores et Terre-Neuve, ferait promptement découvrir des fonds convenables pour l’immersion d’un câble. Le tracé par les Açores serait sans doute préférable. Quoique la distance soit grande, il n’est pas douteux qu’elle puisse être franchie plus aisément que toute autre de même longueur, puisque nous rencontrons sur le parcours plusieurs bas-fonds qui permettraient au besoin de relever les conducteurs immergés. Les câbles n’ayant pas une durée indéfinie, il est d’un intérêt capital de les subdiviser en portions qui puissent être successivement remplacées. Les chances défavorables de l’immersion et les frais d’entretien sont diminués d’autant.

Peut-être les détails qu’on vient de lire sur les divers projets de télégraphie océanique auront-ils paru un peu minutieux. Ces détails cependant suffisent à peine pour motiver un jugement définitif, et les chiffres qu’il a fallu multiplier, quoique souvent incertains, étaient nécessaires pour donner quelque précision à cette critique. Sans plus nous appesantir sur des projets individuels que les inventeurs poursuivent avec plus ou moins de persévérance, nous essaierons, pour conclure, de résumer les faits acquis à la science télégraphique, d’indiquer la voie que le progrès semble suivre et les travaux nécessaires à son développement.

Et d’abord il faut combattre une erreur trop répandue, qui consiste à croire que les transmissions télégraphiques s’accomplissent avec une rapidité foudroyante. Nous ne voulons pas parler ici de la vitesse de l’électricité, qui est presque infinie, ni du temps qu’un signal emploie pour se rendre d’une station à une autre, de Paris à Marseille par exemple ; ce temps est si court qu’il est inappréciable. Dans les longues lignes sous-marines ou souterraines, le retard qui se produit par l’effet de l’induction est un obstacle sérieux à la quantité, et non point à la célérité des messages ; mais les nécessités de l’exploitation d’un grand réseau télégraphique ne permettent pas d’ordinaire qu’une dépêche se rende sans intermédiaire du lieu de départ au lieu d’arrivée. Les transmissions ne s’opèrent directement