Il y aura bientôt vingt ans, la Grande-Bretagne a vu se former une secte d’artistes qui, rompant violemment avec toutes les traditions de la peinture à partir de Raphaël, ont prétendu retrouver la source des vraies et durables beautés dans la communication directe de l’homme et de la nature. Ennemis de la tradition au point de professer un mépris complet pour les noms les plus éminens de l’art classique, ces fiers revendicateurs de l’indépendance individuelle, contestés, ridiculisés au début, se sont fait obstinément leur place sous le soleil. Quelques-uns d’entre eux, MM. John Everett Millais, William Holman Hunt[1], etc., jouissent dans leur pays d’une certaine renommée. Ces mormons de la peinture ne pouvaient se passer d’un évangile et d’un prophète. Ils ont trouvé l’un dans
- ↑ M. Millais est né en 1829. Son premier tableau, ainsi que celui de M. Holman Hunt, date de 1846. On voit que les promoteurs du mouvement pré-raphaélite n’ont pas attendu la maturité de l’âge pour s’affirmer résolument et ouvrir la campagne contre les idées reçues. Cette audace prématurée peut devenir, suivant le point de vue adopté, une excuse ou une circonstance aggravante ; de plus enthousiastes que nous y trouveront probablement un sujet d’éloges.