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celles-ci précèdent les terrains diluviens qui appartiennent à une formation subséquente.

À la suite d’un mouvement intérieur de l’écorce terrestre, la mer parisienne paraît avoir été chassée violemment de son lit dans la, direction du sud-est au nord-ouest, et par son déplacement subit a mis à jour les terrains qu’elle recouvrait et qu’elle avait contribué à former. La disposition de ces diverses assises présente une constance remarquable ; affleurant à tour de rôle dans l’ordre de leur formation, on les voit, en s’avançant vers le sud-sud-est, s’enfoncer et disparaître amincies, sous celles qui les recouvrent, tandis que vers le-nord-nord-ouest elles viennent finir en biseau très aigu sur celles qui leur sont inférieures et qui les débordent pour se terminer à leur tour de la même manière. Elles se succèdent à peu près comme les tuiles d’un toit dans l’ordre qui résulte de leur superposition relative[1]. Ce mouvement de translation de la mer parisienne donna en même temps naissance à de violens courans qui, partout où ils ne trouvaient pas un sol suffisamment résistant, l’entamèrent profondément. Tantôt emportant les couches tout entières, tantôt y creusant seulement d’énormes sillons, ces courans laissèrent comme traces de leur passage des collines plus ou moins élevées, toutes parallèles entre elles. Nulle part on ne comprend mieux cette formation que dans la forêt de Fontainebleau.

Le relief du sol présente trois aspects principaux : des plateaux, des plaines réunies aux premiers par des pentes assez rapides disposées en forme de cirque, des collines de sable et de rochers, longues, étroites, disposées parallèlement les unes aux autres et laissant entre elles des vallées horizontales ouvertes aux deux bouts. Les plateaux, dont l’élévation au-dessus des plaines varie entre 40 et 60 mètres, appartiennent aux étages supérieurs de la formation parisienne, qui n’ont pas été emportés dans la débâcle dont je viens de parler, et qui ont pu présenter une résistance suffisante à l’action des eaux. Sur quelques-uns, l’étage du calcaire lacustre supérieur subsiste tout entier, tandis que sur d’autres tout cet étage a disparu et a laissé à découvert de grands bancs de roches de grès, connus dans le pays sous le nom de plattières, qui forment le revêtement supérieur de l’étage des sables. Partout où ces bancs de grès eux-mêmes ont cédé à la pression des eaux, la masse des sables a été profondément déchirée. Sans cohésion, incapable de résister à des agens de dégradation aussi puissans, elle a été entraînée vers la mer et répandue dans les plaines. Les blocs de grès qu’elle renfermait

  1. Voyez l’Essai d’une description géologique du département de Seine-et-Marne, par M. de Sénarmont.