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II

On ignore, à proprement parler, la date précise de la fondation du château de Fontainebleau. On sait seulement que la forêt fut réunie au domaine de la couronne vers le XIe siècle, et il est probable que la construction en fut commencée dès cette époque. D’abord simple rendez-vous de chasse, le château se transforma, s’agrandit et s’embellit jusqu’à devenir une résidence que les rois de France habitèrent régulièrement, pendant une partie de l’année, avec toute leur cour. L’histoire raconte qu’en 1264, Louis IX, étant à courre le cerf dans ses chers déserts, y fut attaqué par une bande de brigands, et que, tout en se défendant, il sonna de la trompe pour appeler ses gens, qui vinrent le délivrer. Une chapelle fut construite à cette occasion, et la montagne qui avait été le théâtre de l’événement reçut le nom de Butte Sainte Louis. Dépourvue de routes et entrecoupée de rochers, la forêt fut pendant longtemps un. repaire de malfaiteurs, et les noms de Cave aux brigands, Caverne des voleurs, que portent encore aujourd’hui certains cantons, donnent une triste idée de la sécurité dont les promeneurs devaient y jouir. L’ermitage de la Madeleine, qu’on avait bâti en 1617, pour y établir un ordre de chevalerie destiné à poursuivre les duellistes, fut enlevé par une troupe de brigands qui, malgré tous les efforts de la maréchaussée, parvint à s’y maintenir jusqu’en 1677. L’ermitage de Franchard eut le même sort. Habité d’abord par un cénobite du nom de Guillaume, puis concédé par Philippe-Auguste à des religieux de l’abbaye de Saint-Euverte, il fut plusieurs fois envahi par des bandits qui en massacrèrent les religieux. Il fut détruit en 1712 par ordre de Louis XIV, a afin qu’il lie soit plus, dit l’ordonnance, ni un asile de débauche ni une retraite de voleurs. » On en voit encore les ruines auprès de la Roche qui pleure, excavation dans laquelle tombe goutte à goutte l’eau provenant des infiltrations supérieures. ; Quoique, suivant Guillaume, évêque de Tournai, cette ; eau ne soit ni bonne à boire, ni belle à voir, on ne lui en attribuait pas moins des vertus curatives.

Au nord de la forêt, sur la route de Melun, se trouve la Table du Roi. C’est une table en ; pierre sur laquelle tous les ans, au 1BP mai, les officiers des eaux, et forêts ; venaient recevoir les redevances dues ; au roi pour certains usages exercés dans la forêt. L’abbesse du Lys apportait un jambon et deux bouteilles de vin, et chaque nouveau marié de la paroisse Saint-Ambroise de Melun déposait un gâteau et 5 deniers. Henri IV commença le système de Toutes qui sillonnent