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conservés aujourd’hui au musée de Copenhague. On a recueilli même les moules qui servaient à couler ce métal, avec des poteries où se révèle déjà quelque recherche du style et de l’ornementation.

Pour trouver d’autres vestiges nombreux de l’âge de bronze, il faut explorer ce qu’on a nommé les habitations lacustres des lacs de la Suisse. C’est en 1854 qu’on signala pour la première fois, à Meilen, sur le lac de Zurich, d’anciens pilotis autour desquels gisaient des ustensiles divers de bronze et de pierre. Pendant les hivers de 1858 et de 1859, les eaux de ce lac étant restées très basses, on rechercha avec beaucoup de soin les objets disséminés autour des vieux pilotis. Ces découvertes se multiplièrent tellement qu’on fut forcé d’en conclure que des peuplades ou des familles amphibies s’étaient jadis bâti des cabanes sur des pieux, à une petite distance du rivage, soit pour s’isoler et se défendre contre leurs ennemis, soit pour éviter l’attaque des bêtes sauvages répandues en grand nombre au pied des Alpes.

Comme les lacs du versant suisse des Alpes, ceux du versant italien ont conservé des traces de ces habitations anciennes. M. Gastaldi a publié récemment à Turin un beau travail sur les stations lacustres du nord de l’Italie. C’est sans doute des Étrusques que les habitans des lacs alpins avaient appris l’art de fondre le bronze et de faire de la poterie non vernissée ; c’est en effet à la période dite de bronze que se rapportent la plupart de ces établissemens. Il en est très peu où l’on ait retrouvé des armes ou des ornemens en fer, et les habitudes amphibies des populations anciennes des Alpes ne paraissent pas avoir survécu longtemps a l’introduction de ce métal.

Pendant l’âge de bronze, de petits villages étaient semés à fleur d’eau sur tous les lacs : on en a retrouvé douze sur le lac de Neufchâtel, vingt sur le lac de Genève, dix sur le lac de Bienne. Les ornemens découverts dans ces stations depuis si longtemps abandonnées ne différent pas de ceux qui ont été enfouis dans les tourbes du Danemark ; ce sont les monumens d’une civilisation très grossière et très uniforme répandue dans presque toute l’Europe.

Si nous faisons un pas de plus dans le passé, nous arrivons à la période dite de pierre, pendant laquelle les hommes ne connaissaient pas encore l’usage des métaux. Tout donne à penser que l’enfance de notre espèce a été d’une extrême longueur : on a dédoublé la période de pierre en deux âges, le plus récent ou celui de la pierre polie, le plus ancien ou celui de la pierre ébauchée ou simplement taillée. Durant la dernière de ces deux époques, les peuplades de la Suisse construisaient déjà des cabanes sur les lacs alpins ; près de Berne, les habitans du petit lac de Moosseedorf avaient des instrumens en pierre, en corne et en os. Ils polissaient