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Page:Revue des Deux Mondes - 1863 - tome 45.djvu/472

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de M. de Persigny nous oblige à voir des candidats de l’opposition, puisqu’ils se présentent sans l’appui du gouvernement, ont été publiées Ces documens sont intéressans à étudier ; on peut y voir des signes certains, de l’opinion publique. Quoiqu’ils émanent de personnes dont il fait peu de cas, le gouvernement devra y prendre garde, s’il pense qu’il ait besoin de se tenir au courant des tendances de l’opinion qui se réveille. Ce qui frappe d’abord dans ces circulaires, ce qui prévient en leur faveur, c’est le ton de modération qu’elles respirent. Il n’y a sous ce rapport aucune différence entre celles qui contiennent des protestations de dévouement à l’empire et à l’empereur et celles qui émanent des hommes que M. de Persigny considère comme les débris des anciens gouvernemens : partout le respect de la légalité est le même. Un autre caractère non moins saisissant de ces écrits, c’est qu’ils s’accordent avec une remarquable unanimité à réclamer du gouvernement les mêmes redressemens et les mêmes concessions. C’est une vraie fête pour nous, sous un régime où l’écrivain n’a pas d’ordinaire la douceur d’entendre le retentissement de ses paroles dans le public, où il est condamné depuis bien des années à se considérer comme la voix de celui qui crie dans le désert, de recueillir ces fraîches notes du renouveau de la liberté, éclatant un peu partout avec une harmonie imprévue. C’est après un long et muet hiver le premier gazouillement des oiseaux égayés. Il est donc vrai que, sur toute la surface de la France, il est des esprits qui se nourrissent des mêmes pensées, des cœurs qui battent à notre unisson, des hommes influens et considérés qui forment les mêmes vœux. Il a été impossible à tous ces candidats de se donner le mot ; cependant ce sont les mêmes griefs qu’ils expriment, les mêmes revendications qu’ils forment. Il n’est pas probable que la plupart réussissent à obtenir le mandat de leurs concitoyens : le gouvernement en sait la raison, car mieux que personne il peut se rendre compte des effets de son action administrative ; mais il doit apprécier l’incontestable importance de ces manifestations spontanées de l’opinion libre. Ses succès administratifs ne sauraient rien lui apprendre ; déjà les circulaires de l’opposition peuvent lui fournir d’utiles renseignemens sur les vœux du pays, vœux qui ne feront que grandir, et qui deviendraient avec le temps d’impérieuses et irrésistibles volontés, si l’on avait l’air de les négliger.

Or voici ce que partout l’on demande : .en premier lieu, la liberté électorale. « Le suffrage universel, dit très bien un des candidats les plus modérés, M. Lefèvre-Pontalis, qui a résigné ses fonctions au conseil d’état pour se présenter à la circonscription de Pontoise, le suffrage universel, qui doit être la participation éclairée des citoyens au choix de leurs mandataires, vous paraît-il n’être plus dirigé que par l’administration au lieu d’être dirigé par les électeurs ? Vous êtes dès lors intéressés à demander le droit de réunion électorale qui vous assurerait l’avantage de pouvoir apprécier et connaître vos candidats. » En second lieu vient la liberté de la