succèdent et sa superposent les unes aux autres. D’abord se présentent le vieux grès rouge, le calcaire carbonifère et le terrain houiller ; puis, avec le nouveau grès rouge, commence un nouvel ordre de phénomènes : non contens de retracer aux yeux le gisement et l’allure des roches, les savans et les artistes du Palais de Cristal ont voulu ressusciter les anciens habitans qui se montrent enfouis dans les stratifications plus récentes. Ressusciter, pour l’homme c’est retrouver la forme des choses disparues ; or quoi de plus oublié et de plus évanoui que les êtres très réels qui ont vécu jadis à la surface de notre planète ? Les voilà pourtant, non tels peut-être qu’ils sont sortis des mains de la nature, mais du moins à peu près tels, restaurés qu’ils sont par les procédés de la science.
Sur l’île du nouveau grès rouge, nous trouvons accroupis le labyrinthodon et le dicynodon, sorte de crapauds monstrueux égalant à peu près en grosseur la stature d’un bœuf. Dans l’île des lias rampe la dynastie des grands reptiles, l’icthyosaure avec son gros œil rond, sorte de lanterne allumée dans la nuit des mers, le plésiosaure, remarquable surtout par la longueur de son cou grêle et flexible au bout duquel une tête plate devait darder çà et là les flèches du serpent, c’est-à-dire d’implacables morsures, le plésiosaure enfin, qui ressemble beaucoup au gavial des bords du Gange. Dans la formation suivante, celle de l’oolithe, on rencontre de petits ptérodactyles ou reptiles ailés et le mégalosaure, ce colosse à tête de lézard, vorace comme un crocodile, armé d’une forêt de dents, soutenu par devant sur des pattes qui ressemblent à deux piliers, ayant vingt-neuf pieds anglais de longueur depuis le museau jusqu’à l’extrémité de la queue et vingt-deux pieds six pouces de largeur autour des côtes. Toujours dans la même île, mais parmi les terrains crétacés, surgissent les massifs iguanodons et les hylaeosaures, lézards au dos hérissé d’épines et portés par quatre jambes beaucoup plus grosses que celles du plus gros éléphant. Là aussi nage le mosasaure, montrant seulement sa tête monstrueuse au-dessus du lac, et plus loin reposent, en quelque sorte perchés sur un rocher, les grands ptérodactyles, ces dragons fabuleux de l’ancien monde, ces chimères aux ailes repliées et aux pattes armées de griffes, qui semblent garder le secret de l’antique nature. Il nous faut maintenant quitter l’île des terrains secondaires, car nous allons entrer dans un autre âge de la création. Cette ère nouvelle nous apparaît sur une autre île, celle des terrains tertiaires, où se groupe un tout autre système d’animaux. Les voici debout et en quelque sorte vivans comme dans un rêve, ces anciens mammifères dont les simples débris fossiles ont tant, étonné il y a un demi-siècle les naturalistes : le palœolherium avec sa trompe, véritable tapir de l’ancien monde, l’anoplothère