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Page:Revue des Deux Mondes - 1863 - tome 45.djvu/669

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le fer forgé. Malheureusement cette belle salle est à peu près un cadre sans tableau : pour ceux qui ont vu la ville de Birmingham et ses riches fabriques, la cour qui porte le même nom se montre, hélas ! très pauvrement fournie. Il a été généralement assez difficile de déterminer les grands fabricans anglais à une exposition permanente de leurs produits. Un pas de plus, et nous sommes à Sheffield. La fameuse cité des forges et des usines se trouve naturellement représentée par ses ouvrages de coutellerie, ses outils d’acier et ses imitations d’orfèvrerie. Une autre salle a été consacrée aux objets de papeterie (stationery court). Sur les panneaux de bois sculpté qui décorent l’intérieur de cette cour figurent des médaillons avec des Amours se livrant à tous les procédés mécaniques de la fabrication du papier, de l’imprimerie et de la gravure. Est-ce une allusion au jour de la Saint-Valentin (St Valentine’s day)[1] et à l’intervention des arts de la papeterie dans les affaires du cœur ? Chacune de ces salles devrait être une école en même temps qu’un bazar ; on devrait pouvoir y suivre les diverses transformations que fait subir la main de l’homme aux matériaux employés dans les manufactures. En est-il ainsi ? Les directeurs du Crystal Palace ont eu à cœur de nous montrer toutes les richesses de l’industrie moderne, depuis les véritables conquêtes qui intéressent l’homme sérieux jusqu’aux jouets et aux objets de fantaisie qui amusent l’enfant ; mais ils se sont peu souciés jusqu’ici d’initier les curieux aux mystères de la fabrication. Il y avait pourtant là une branche d’instruction à développer et un élément de succès, car la race anglo-saxonne, médiocrement inquiète du monde des idées, a au contraire dans les veines une goutte du sang de Prométhée toutes les fois qu’il s’agit de pratiques industrielles[2].

On traverse successivement la cour orientale, où se montrent, bien entendu, les produits du Levant, la cour de Bohême, où s’étalent les verreries, et l’on s’arrête volontiers à la cour céramique, où l’artiste, l’ouvrier et l’antiquaire trouvent, chacun à son point de vue, des objets intéressans. M. Battam a réuni dans cette riche collection divers spécimens montrant les progrès de l’art du potier depuis l’antiquité jusqu’à nos jours. Là figurent des vases qui ont pu orner la table de Verres, des plats et des assiettes dans lesquels

  1. Un mois avant le 14 février, les boutiques des papetiers étalent des lettres et des enveloppes chargées de tous les symboles de la galanterie. Ce jour est détesté des facteurs, car le nombre des messages augmente tout à coup, dans ces localités, de deux cents à mille.
  2. L’intention de M. Owen Jones est, paraît-il, d’accorder dans son nouveau Palais du Peuple une place considérable à cette démonstration de l’importance des arts et des métiers chez toutes les nations.