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flottantes. Quelques-unes sont fort belles, comme la Teudora et la Dionysas de Saint-Prétextat ; ces orante (ainsi parlent les Italiens) personnifient la prière ou l’âme chrétienne qui s’élève vers Dieu après la mort. Dans la quatrième chambre de Saint-Calixte, une niche à droite offre aux yeux l’Orphée qui, la lyre en main, charme les bêtes sauvages, et au-dessus de l’arceau une vierge assise tenant sur ses genoux un enfant qui paraît bien avoir une douzaine d’années. Les rois qui lui rendaient hommage ont disparu. À gauche, le prophète Michée prédit la nativité ; à droite, Moïse, frappant le rocher, montre que c’est là la source du fleuve qui couvrira la terre. Tous ces sujets sont traités dans le style antique ; tout, jusqu’aux vêtemens et aux accessoires, semble grec, et la Vierge est un profil de femme assise et drapée. Celle de Sainte-Agnès, peinte avec soin, parée d’un collier de perles, les bras en orante, a devant elle un enfant debout, à la tête carrée, et dont les cheveux sont coupés à la manière des jeunes Romains. Elle a les yeux d’une femme du Trastevere. Malgré certaines invraisemblances, on peut la prendre pour la mère du Christ. Le père Marchi voudrait qu’elle fût du second siècle, et dans tous les cas antérieure au concile d’Éphèse, qui passe pour avoir autorisé la peinture de la Vierge (481). Ce groupe est cependant entre deux monogrammes regardés comme les signes d’une date plus récente. En général, les sépultures antérieures au IVe siècle n’offriraient pas aisément d’évidentes preuves du culte de la Vierge, ainsi qu’on l’avait espéré d’abord, et généralement, avant de chercher dans les catacombes des lumières sur l’histoire de la dogmatique, il faudrait avoir déterminé avec certitude l’âge des diverses peintures qu’on prendrait pour objet d’étude. Un livre intéressant et judicieux, publié sur cette matière par un prêtre catholique anglais[1], ne nous paraît constater expressément que deux choses, l’ancienneté de l’usage de prier pour les morts et celle de la hiérarchie des évêques, prêtres, diacres et néophytes. Les catacombes n’offrent pas de témoignage direct de la suprématie des papes. Quelques-uns sont nommés sans distinction particulière. Les titres d’EPISC. et de MARTYR sont seuls donnés dans le cimetière de Saint-Calixte aux papes Eleuthère, Fabien, Anthère, Lucius, etc.[2], et même on montre quelque part saint Alexandre placé le second après un évêque.

  1. Le révérend John Spencer Northcote.
  2. Le titre de papa n’aurait d’ailleurs rien de décisif, puisqu’au IVe siècle Prudence le donnait encore à l’évêque espagnol Valérien.
    Rorantes saxorum apices vidi, optimo papa
    (Hymn. XI.)