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CALLIRHOÉ

TROISIÈME PARTIE[1].

NOTE DE CADANET.


L’histoire qu’on va lire, bien que racontée avec la rapidité de l’improvisation et transcrite ensuite au courant de la plume sur le journal de Marc, m’avait d’abord paru trop longue pour être placée au milieu du récit des événements de sa vie, et je l’avais reportée à la fin ; mais lui-même me fit comprendre que toute la suite de ces événemens se rattachait directement à cette fatale histoire de Callirhoé et qu’il était impossible de la déplacer sans laisser inexplicables les terribles résultats qu’elle eut bientôt sur son esprit et sur sa conduite.

C’est donc à Saint-Jean, le 25 septembre 1852, que Marc raconta à sa famille et à Mmes d’Astafort l’histoire suivante, telle que je la trouve consignée à cette date sur son journal.


Il y a deux mille deux cent quarante-quatre ans, leur dis-je, le premier jour de mai, Markek était à cheval au milieu des vastes brandes qui nous environnent. Le soleil, haut dans le ciel, tombait d’aplomb sur les bruyères et les genêts en fleur. Deux grands dogues au poil rude, aux yeux enflammés, à la gueule altérée de carnage, couraient devant Markek. Les longues pointes de fer de leurs colliers de cuivre brillaient au soleil comme des étincelles. L’un s’appelait Dhu (noir) et l’autre Tan (feu).

  1. Voyez la livraison du 1er  et du 15 juin.