En dehors de ces cérémonies publiques, les habitans des cidades se réunissent peu, et vis-à-vis de l’étranger cette humeur farouche prend le caractère d’une véritable méfiance. L’intérieur d’une maison brésilienne ne s’ouvre que difficilement devant l’Européen. Cependant, lorsqu’on a fréquenté quelque temps les créoles, il n’est pas impossible de se faire une idée des occupations du senhor. Le temps qui n’est pas pris par les affaires, les irmandades, les visites, la politique, est consacré à la sieste ou au jeu. Les gens riches ont des chacaras (villas) en dehors de la cidade, sur le bord de la mer, qui forment terrasse, comme celles qu’on voit sur la route de Pernambuco à Olinda, et où l’air est plus pur que dans l’intérieur de la ville. Le mobilier est généralement aussi simple que l’habitation, et l’on est souvent frappé du peu de luxe extérieur de certaines demeures qui abritent des senhores plusieurs fois millionnaires. Rien de plus facile cependant à expliquer, quand on se reporte aux mœurs créoles et aux origines de la société brésilienne. Les premiers colons portugais n’étaient venus sur cette terre de l’Eldorado que pour faire une fortune rapide. Retourner au plus tôt chez eux et jouir en paix de leurs richesses, telle était leur unique ambition. À quoi bon dès lors bâtir de somptueuses demeures qu’ils ne devaient pas habiter ? Mais le petit nombre seulement put réaliser ce rêve. Par des causes diverses, la plupart d’entre eux ne revirent plus l’Europe, et leurs descendans, n’ayant pour points de comparaison que la hutte de l’Indien ou le rancho du noir, regardèrent leurs vieilles habitations portugaises comme le dernier mot de l’architecture. On sent néanmoins que ces bâtimens, lourds et fermés de tous côtés, sont en désaccord avec la nature qui les environne. L’air ne pénètre pas assez dans ces massifs de murailles nues. Au lieu de ces forteresses du moyen âge, on voudrait voir s’élever ces pavillons légers et spacieux que réclament les besoins d’une contrée tropicale ; mais la tradition ibérique, la nonchalance créole et la jalousie brésilienne y trouvent leur compte, et c’est assez.
Puisqu’il nous est interdit de pénétrer dans l’intérieur des maisons particulières, visitons les magasins ; nous y trouverons des types qu’on chercherait vainement ailleurs. Ce jeune adolescent, pâle et imberbe, qui vous aborde dans ce magasin après avoir posé