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L'INSTRUCTION PUBLIQUE
ET
LA REFORME UNIVERSITAIRE EN ITALIE

En essayant de décrire dans un recueil français l’état des institutions scolaires de l’Italie, nous ne pouvons méconnaître ce que cette tâche a particulièrement pour nous de difficile et de délicat. Il n’est pas de sujet cependant qui mériterait plus d’éveiller une attention sympathique dans tous les pays qui portent quelque intérêt aux destinées du nouveau royaume. Organiser l’instruction publique, c’est en effet pour les Italiens une affaire de premier ordre. On a prétendu que le comte de Cavour n’avait imaginé de présenter au parlement des lois sur l’instruction publique qu’afin de détourner l’attention des chambres de certaines questions de haute politique. Rien n’est plus contraire à la réalité non moins qu’aux opinions professées par le grand homme d’état. Il connaissait trop bien l’Europe, il avait trop bien étudié les mœurs de l’Angleterre et de la France, pour ignorer combien les institutions scolaires de ces deux nations contribuent à leur puissance. N’est-ce pas à ses vieux collèges d’Eton et de Rugby, à ses antiques universités d’Oxford et de Cambridge, que l’Angleterre doit en grande partie, non-seulement cet esprit scientifique qui a toujours caractérisé les travaux de la Société royale, mais aussi cette ferme éducation, cette haute instruction classique qui font la force de son aristocratie et de ses classes moyennes? De même les lycées fondés par Napoléon Ier, l'Ecole normale de Paris et les autres institutions universitaires forment un système qui sert puissamment à la grandeur de la France : aussi M. Guizot disait-il récemment dans ses mémoires que le ministère