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ailes au génie, ni de couler toutes les intelligences dans un même moule, comme le disent nos garibaldiens en matière d’enseignement. Nous avons besoin d’apprendre à nos étudians, mal préparés par les écoles secondaires, peu habitués au travail, ce qui leur est nécessaire pour devenir des magistrats, des médecins, des administrateurs; il faut que nous formions des hommes à l’esprit juste et étendu, et qui aient appris, comme disait l’empereur Napoléon, depuis l’école élémentaire jusqu’à l’université, ce que chacun doit à Dieu, à ses parens, à sa patrie. Le jour où nous serons parvenus (malheureusement nous n’osons encore le croire prochain) à voir chez nous, comme dans les universités allemandes, les jeunes médecins suivre dans les laboratoires des cours d’analyse et de chimie organique, les théologiens se livrer avec ardeur aux études de philologie, alors nous pourrons peut-être impunément jeter à bas les programmes et les règlemens universitaires. Ce n’est pas qu’il soit question ici de renouveler les pratiques pédantesques qui ridiculisaient certaines de nos universités au temps où les jésuites étaient les maîtres de l’instruction publique : nous n’imaginons pas non plus que toutes les universités italiennes doivent suivre rigoureusement les mêmes règles et avoir toutes les mêmes disciplines académiques; mais le premier devoir du gouvernement italien en matière d’enseignement n’en est pas moins d’établir une organisation sur des principes fixes et uniformes, dans l’intérêt de la liberté et de la nation. L’horreur des programmes d’études domine surtout dans l’esprit de certains philosophes. Un hégélien craint peut-être qu’un ministre rosminien ne l’empêche de développer son système, et vice versa. Toutefois, si nous croyons qu’en fait de philosophie un programme rédigé par des maîtres sages et honnêtes peut être utile dans les écoles secondaires, nous pensons que, dans les écoles supérieures, dans les universités, il serait difficile et peu convenable de tracer au professeur son enseignement. Quant aux sciences exactes, aux sciences naturelles, à l’histoire, les programmes sont dans l’essence même de ces sciences, ils ne servent qu’à tracer l’ordre nécessaire suivant lequel il faut les exposer et à en déterminer les limites.

Maintenant que nous avons exposé nos vues sur les écoles universitaires, il sera facile aussi d’indiquer la voie où il nous aurait paru sage d’entrer et de se tenir. Quand nous fûmes appelé par la confiance du roi à diriger l’instruction publique, notre programme était simple : laisser dans quelques villes importantes, aux frais des autorités provinciales, non plus les universités imparfaites qui existent aujourd’hui, mais seulement des facultés de droit ou de médecine, ne conserver qu’un très petit nombre de grandes universités en les complétant sous tous les rapports, fonder dans les grands