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ait fait une part excessive à l’élément aristocratique. On y voyait figurer à peine deux ou trois noms de négocians, tandis que la majorité était formée de grands seigneurs que leurs habitudes de vie provinciale rendaient presque étrangers à la capitale. Quelque honorable que fut leur caractère, on ne pouvait attendre d’eux toute l’initiative et l’esprit de progrès qui distinguèrent leurs successeurs. Sous la restauration, on peut le dire, la gestion des intérêts de Paris n’appartenait point encore aux Parisiens. La législation de 1834, tout au contraire, a créé dans Paris une puissance appartenant à la localité, une vraie noblesse municipale, jalouse de s’élever et de s’illustrer dans la pratique des affaires de la ville. Ce qu’était l’ancien échevinage avant la révolution de 1789 par la faveur royale ou la vénalité des charges, le régime de 1830 l’a restauré, en l’améliorant, par la liberté. Avant et depuis cette date, beaucoup de citoyens recommandables se sont fait honneur d’accepter des fonctions municipales ; mais on peut affirmer que les membres des conseils directement nommés par le gouvernement à toutes les époques n’ont fait pour la plupart qu’apporter secondairement et passagèrement au service de la commune des aptitudes et une notoriété acquises dans d’autres fonctions, tandis que, sous l’empire de la loi de 1834, gérer les affaires municipales longtemps, et sans autre visée ultérieure, était la principale préoccupation de cette intelligente bourgeoisie.


IV. — ADMINISTRATION DE LA VILLE DEPUIS 1848. — ABROGATION DE LA LOI DE 1834.

La domination éphémère de la seconde république tient peu de place dans l’histoire des finances et des travaux de la ville de Paris, et l’on aura bientôt résumé les souvenirs qui se rattachent à cette période de trois années. Le budget contre-signé en 1849 par M. Recurt n’offre en effet rien de saillant qu’un article qui, sous la simple indication de dépenses imprévues, affecte une somme de 10 millions à la solde et à la nourriture des citoyens armés, à l’entretien et à la destruction des barricades, enfin au paiement de tous les dégâts matériels qu’entraînent les luttes civiles. On sait aussi que le gouvernement provisoire avait décrété une diminution des droits d’octroi sur les liquides, mais l’assemblée constituante rétablit au bout de quelques mois les droits suspendus, et M. Berger, successeur de M. Recurt, retrouva les dépenses et les recettes municipales au taux où les-avait laissées l’administration de la monarchie constitutionnelle. Enfin dès le 5 août 1848 il avait fallu préparer un projet de loi pour modifier les conditions de l’emprunt de 25 millions applicable à la construction des halles centrales, et qui avait été autorisé par la loi du 1er août 1847. Aucune portion de cet emprunt n’était