Page:Revue des Deux Mondes - 1863 - tome 48.djvu/283

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LA
NAVIGATION AERIENNE

LES AEROSTATS ET LES AERONEFS

C’est un phénomène moral assez bizarre que ce soient toujours les mêmes utopies qui passionnent périodiquement le vulgaire, tantôt le mouvement perpétuel, tantôt la prédiction du temps. Aujourd’hui nous sommes témoins d’une recrudescence d’intérêt en faveur de l’aérostation et de la navigation aérienne, et il est superflu peut-être de rappeler à ce propos qu’il y a douze ans environ le public en France est resté pendant quelques mois sous l’empire des mêmes préoccupations. La direction des ballons, la locomotion aérienne, la conquête de l’air par l’hélice, ne sont ni des idées nouvelles ni des projets inédits. On ne peut même remarquer sans tristesse que la sympathie momentanée qu’obtiennent quelquefois les questions scientifiques a rarement pour objet les découvertes ingénieuses et intéressantes que nous voyons modestement éclore de temps en temps. Pour ne prendre que des exemples récens, quelle place ont tenue dans les conversations de chaque jour les brillantes expériences de MM. Kirchoff et Bunsen, qui ont décomposé la flamme du soleil et enrichi la chimie d’un procédé d’analyse excessivement délicat? On leur doit cependant, et les lecteurs de la Revue le savent, des notions exactes sur la nature de l’astre qui nous éclaire et la découverte de plusieurs corps nouveaux, tels que le thallium et le rubidium, dont la liste s’accroît chaque année. Quelle notoriété ont obtenue les travaux du docteur Duchenne, qui reproduit à volonté sur la figure humaine, au moyen de l’électricité, les indices de toutes