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opposées luttent entre elles. Il fallut plus de temps pour reconnaître que la région équatoriale jouit d’un calme presque constant, et que par conséquent le navigateur qui ne veut pas s’attarder dans ces parages doit franchir l’équateur presque perpendiculairement pour être retenu moins longtemps dans les accalmies. Enfin, et ce progrès est de notre époque, on reconnut que pour chaque traversée il y a une route particulière qu’il est préférable de suivre ; .par exemple, des États-Unis en Europe, on vogue directement de l’ouest à l’est parce que le vent et le courant poussent également dans ce sens, tandis que, pour retourner d’Europe en Amérique, il faut se rapprocher de la zone tropicale et chercher bien loin vers le sud une brise favorable.

Les plus modérés parmi ceux qui rêvent la navigation aérienne, se défiant des machines, se contenteraient d’imiter la marine à voiles, et projettent d’utiliser le vent pour la direction de leur appareil. L’atmosphère a-t-elle donc aussi sur la terre ces vents constans qui rèégnent à la surface des océans ? Au premier abord, il semble qu’il n’en soit rien. Les courans d’air terrestres, déviés à chaque instant par les montagnes, les villes, les forêts, perdent la régularité qui leur est propre au-dessus de la plane étendue des mers. Cependant, en s’élevant plus haut que tous ces obstacles, il est à croire que l’on peut retrouver les courans constans, variables tout au plus d’une saison à l’autre. C’est un fait qui n’aura échappé à personne, que les aérostats qui s’élèvent de Paris se dirigent presque tous vers le nord-est. Ceci nous révèle un premier courant régulier dirigé du sud-ouest au nord-est. Puis, comme l’air ne peut toujours se diriger vers la même région, où il s’accumulerait indéfiniment, il doit y avoir plus haut encore un courant de retour dirigé du nord-est au sud-ouest. Le navigateur aérien devra donc traverser rapidement la première zone de l’atmosphère, où règnent les vents variables, et s’élever dans le premier ouïe second courant, suivant la route qu’il voudra faire. Quelques aéronautes ont eu assez de confiance dans ces vents réguliers pour oser s’aventurer au-dessus de la mer. M. Green partit de Londres, le 7 novembre 1836, avec deux compagnons de voyage, franchit la Mer du Nord pendant la nuit et reprit terre le lendemain matin à Coblentz, après avoir parcouru 800 kilomètres en dix-huit heures ; il avait navigué dans le courant inférieur. Le ballon qui fut lancé de Paris au couronnement de l’empereur Napoléon Ier, et qui vint s’abattre dans le lac Bracciano, en Italie, s’était sans doute élevé très haut, n’ayant pas de charge à porter, et avait pu profiter du courant supérieur. On cite même une ascension pendant laquelle l’aéronaute fut successivement entraîné par les deux courans superposés. M. Robertson,