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trop dangereux. Avant que l’on essaie de les appliquer aux aéronefs, il faudrait prouver qu’ils peuvent être utilisés sur la terre.

Il résulte de tout ceci que la navigation aérienne n’est point directement intéressée pour le moment dans les recherches qui se font avec tant de bruit à propos de l’hélice. Les inventeurs voudraient trouver un moteur léger, une machine à vapeur ou à gaz (il importe peu) qui travaillerait comme un cheval et que l’ouvrier porterait sous le bras comme un outil. Au lieu de se faire aéronautes, ils se font mécaniciens. À ce point de vue, leurs recherches présentent un intérêt bien plus général et méritent d’être encouragées: il peut en sortir quelque chose d’utile; mais avons-nous tort d’affirmer qu’ils n’atteindront pas le but qu’ils se proposent avec les ressources actuelles de l’industrie? Il ne s’agit plus d’un simple perfectionnement; il faut une découverte nouvelle pour que le vol par l’hélice devienne praticable, et cette découverte aurait des conséquences tellement importantes et fructueuses que la navigation aérienne en serait sans contredit l’un des moindres résultats.

On ne s’arrêtera pas ici sur les récentes ascensions qui ont été marquées par de sinistres incidens. Un seul enseignement en ressort, et c’est la preuve de l’impuissance des ballons en tant qu’agens de transport. Après avoir fait le procès aux aérostats, qui n’ont, à l’en croire, aucun perfectionnement à attendre de l’avenir, l’auteur de ces ascensions, on le sait, a voulu courageusement gagner au métier d’aéronaute les sommes nécessaires pour expérimenter l’aéronef. Il a fait construire un ballon géant, le dernier des ballons, assure-t-il, le plus grand des ballons connus. Ce monstre de l’aérostation cube plus de 6,000 mètres, mesure 45 mètres de hauteur, 90 mètres de circonférence, et, gonflé avec du gaz d’éclairage, peut se charger d’un poids de plusieurs quintaux. Enlevé au milieu du Champ-de-Mars en présence d’une foule immense, le Géant n’a fourni d’abord qu’une courte carrière, puisqu’il est retombé à quelques lieues de Paris. Ensuite, à sa seconde ascension, le 18 octobre, il a accompli à coup sûr l’une des plus belles traversées aérostatiques que l’on ait jamais vues, car il a parcouru une distance de plus de 800 kilomètres sans toucher terre, et est allé s’abattre dans le royaume de Hanovre, après avoir franchi en vainqueur plusieurs états et plusieurs lignes de douane. C’est à l’atterrage que se sont produites les difficultés, et il semble bien démontré aujourd’hui que l’arrêt des grands ballons, que certaines personnes ont la prétention de diriger, offre les plus sérieux dangers. Ces grosses machines doivent échouer au port. C’est un péril nouveau à ajouter à tous ceux qui menaçaient déjà les navigateurs aériens, et l’un des plus propres à dégoûter le public de ce périlleux exercice.

Les nombreux inventeurs qui étudient sans se décourager l’éternel