Un touriste anglais qui avait fait longtemps l’école buissonnière sur toutes les routes de la Grande-Bretagne et de l’Irlande m’expliquait un jour le motif de ses excursions. « Je voyage, me disait-il, pour me dépouiller de l’égoïsme. » Il serait téméraire d’affirmer que tel est le but auquel aspirent les innombrables touristes qui désertent Londres de la mi-août à la fin de septembre. La plupart d’entre eux voyagent pour s’instruire et pour connaître leur pays. Et pourtant étendre le cercle de ses connaissances, n’est-ce point élargir la sphère de ses sympathies ? Il entre du patriotisme dans leur enthousiasme à la vue des beautés très réelles que renferment les îles britanniques, nids de verdure entourés par des rochers et des tempêtes. À force de communiquer avec la nature, de se mêler aux mœurs des différentes provinces, aux usages des différentes classes qui composent un grand état, ils se renferment moins en eux-mêmes et participent plus largement à l’existence des autres.