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noyée. La quantité de ces eaux souterraines varie d’ailleurs avec la nature des lieux ; aux environs de Camborne, où le district est soumis à un drainage perpétuel, elle est moins considérable que dans d’autres endroits, qui ne sont point occupés par les mêmes travaux. Il ne faudrait pas croire au reste que les pompes ramènent toutes ces eaux à la surface : il y a des mines qui ne ramènent que la quantité nécessaire à leur consommation ; il y en a même d’autres, comme celle de Dolcoath, qui ont recours à une source voisine pour arroser leurs travaux extérieurs. Élever les eaux à de telles hauteurs est une énorme dépense, et la science, d’accord avec l’économie, a suggéré aux ingénieurs des mines d’autres moyens d’écoulement. On cherche en pareil cas un niveau d’où les ondes mortes puissent s’échapper d’elles-mêmes vers une rivière ou vers la mer. De telles ouvertures ou tranchées s’appellent adits. La fonction de la pompe est alors de pousser les eaux vers ces conduits artificiels. Il arrive souvent que de pareils ouvrages présentent un caractère stupéfiant de hardiesse. Le great adit (grande sortie) qui reçoit les eaux de plusieurs mines dans les arrondissemens de Gwennap et de Redruth s’étend, en comptant les ramifications, sur une longueur de plus de trente milles, et dans quelques endroits il est à quatre cents pieds de la surface du sol. La principale branche parcourt à elle seule une distance de cinq milles et demi, et elle s’ouvre dans la mer à Restronget-Creek (la crique de Restronget). Voilà, si je ne me trompe, des travaux de terrassement et de construction qui donnent une assez grande idée de la Cornouaille.

Ces eaux, attirées du fond des mines, donnent à toute la province une physionomie singulière ; on les reconnaît aisément à la couleur. Dans certains endroits, par exemple à Helston, je les ai vues courir des deux côtés de la rue dans des conduits de pierre où elles forment autant de ruisseaux qui nettoient et rafraîchissent la ville. Elles deviennent même des rivières et des lacs. À un mille d’Helston, on trouve une prairie humide et grasse traversée au milieu par un courant d’une couleur de brique dont le sédiment déteint sur la verdure de l’herbe. Ce courant grossit et vase perdre dans un lac, Looe-Pool, entouré de bancs de sable qui se trouvent tout à fait submergés durant la saison des crues. La surface du lac, ayant environ sept milles de circonférence, se ride et s’agite ; l’onde est refoulée avec plus ou moins de violence par une brise fraîche qui vient de la mer. Peu à peu le rivage se relève en une berge escarpée et se trouve couvert par un bois à droite duquel s’élève la charmante propriété de Penrose, où demeure M. Rogers, un membre du parlement. Ces feuillages contrastent d’une manière pittoresque avec la couleur rouge du Looe-Pool, à la surface duquel nagent des cygnes blancs. On quitte le bois par un sentier ardu qui serpente