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mathématiques mettent à nu les mécanismes logiques de l’intelligence humaine ; la physique nous révèle l’existence, la coordination, la permanence des lois naturelles ; l’astronomie nous montre réalisées les conceptions abstraites de la mécanique, l’ordre universel de l’univers qui en découle, enfin la périodicité qui est la loi générale des phénomènes célestes.

C’est l’étude de ces sciences qui nous conduit d’abord à exclure du monde l’intervention de toute volonté particulière, c’est-à-dire l’élément surnaturel. Aux débuts de l’humanité, tout phénomène était regardé comme le produit d’une volonté particulière. L’expérience perpétuelle nous a au contraire appris qu’il n’en était jamais ainsi. Toutes les fois que les conditions d’un phénomène se trouvent réalisées, il ne manque jamais de se produire.

Avec la chimie s’introduisent pour la première fois les notions d’être ou de substance individuelle. La plupart des vieilles formules de la métaphysique s’y trouvent en quelque sorte réalisées sous une forme concrète ; mais en même temps apparaissent des notions nouvelles relatives aux transformations perpétuelles de la matière, à ses combinaisons et à ses décompositions, aux propriétés spécifiques inhérentes à son existence même. C’est ici que la puissance créatrice de l’homme se manifeste avec le plus d’étendue, soit pour reproduire les êtres naturels par la connaissance des lois qui ont présidé à leur formation, soit pour en fabriquer, en vertu de ces lois mêmes, une infinité d’autres que la nature n’aurait jamais enfantés.

Au-delà de la chimie commencent les sciences de la vie, c’est-à-dire la physiologie, cette physique des êtres vivans, qui poursuit la connaissance de leurs mécanismes, puis la science des animaux et celle des végétaux, concentrées jusqu’à présent dans l’étude des classifications. C’est cette dernière étude que l’on appelle la méthode naturelle en zoologie et en botanique : elle manifeste à la fois certains cadres nécessaires de la connaissance humaine et certains principes généraux qui paraissent régler l’harmonie et la formation des êtres vivans. La science parviendra-t-elle un jour à une connaissance plus claire de ces derniers principes, de façon à s’emparer de la loi génératrice des êtres vivans, comme elle a réussi à s’emparer de la loi génératrice des êtres minéraux ? Il est facile de comprendre quelle serait l’importance philosophique d’une pareille découverte. L’affirmation peut passer à juste titre pour téméraire ; mais peut-être la négation l’est-elle encore davantage, comme exposée à être renversée demain par quelque découverte inattendue.

Nous voici parvenus dans un ordre nouveau, celui des phénomènes historiques. À l’évolution nécessaire du système solaire et des métamorphoses géologiques succède un monde où la liberté est