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LE
LITTORAL DE LA FRANCE

III.
LES PLAGES ET LE BASSIN D'ARCACHON.

Jadis perdu dans la solitude rarement violée des landes, le bassin d’Arcachon n’était visité que par les goélands et les canards sauvages, et les habitans clairsemés de ses bords étaient pour la plupart des hommes incultes, privés de toute communication avec le reste du monde. Semblable et même supérieure, sous bien des rapports, aux estuaires brumeux des Pays-Bas, la petite mer intérieure d’Arcachon formait avec eux un contraste absolu par son aspect désert et son état d’abandon. Autant le Zuyderzée et les bouches de la Meuse présentent, depuis des siècles, d’animation sur leurs eaux et sur leurs bords, autant le bassin d’Arcachon et ses plages offraient de tristesse solennelle il y a quelques années. Au-dessus des digues qui bordent les rivages hollandais apparaissent en longues rangées les villages, les fermes, les moulins à vent ; la surface des golfes est toute parsemée d’embarcations, et dans chaque crique se balance une petite forêt de mâts. Récemment encore, les eaux du bassin d’Arcachon ne portaient que des barques et des chaloupes de pêche ; sur les bords, on ne voyait que des marécages, des forêts de couleur sombre, et çà et là quelque maison basse en pierre ou en bois. Aujourd’hui ce coin de la France, que visitent en même temps la mode et le commerce, est en voie de transformation rapide ; mais,