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facile d’admettre que les Boïens du littoral, au lieu d’avoir, comme une ruche d’abeilles trop remplie, répandu leurs essaims dans les contrées lointaines, n’étaient eux-mêmes qu’une simple colonie envoyée dans le pays des Ibères par quelque puissante tribu celtique de la Gaule centrale. À cette époque aussi bien que de nos jours, le sol des landes n’était pas assez riche pour nourrir une population nombreuse. Des marais et des étangs, auxquels on n’avait pas su procurer d’écoulement, couvraient de vastes surfaces ; tout autour s’étendaient à perte de vue les bruyères et les ajoncs. Forcément limité par les difficultés de la vie matérielle, le nombre des Boïens devait se mesurer aux ressources qu’offraient la chasse, les pêcheries du bassin et peut-être aussi le commerce de la résine. Le poisson, plus abondant et surtout plus facile à prendre que le gibier, devait former l’aliment principal de la tribu : aussi tous les villages des Boïens se trouvaient-ils ; comme ceux de leurs descendans, à une faible distance du rivage. Sur certaines plages basses que menaçait le flot de marée, les pêcheurs avaient eu soin d’élever de petits monticules sur lesquels ils plaçaient leurs demeures, et qui leur permettaient de dominer au loin la vaste étendue des flots et des savanes. On voit encore sur les bords du bassin d’Arcachon plusieurs de ces tombelles, assez bien conservées.

Le principal village des Boïens portait le nom de la tribu, Boïos. Ce n’était sans doute qu’une localité peu importante, car l’Itinéraire d’Antonin est le premier document qui en signale l’existence. Une voie romaine, suivant à peu près le même tracé que la route actuelle et le chemin de fer, mettait Boïos en communication avec Bordeaux ; une autre voie reliait la petite cité à la grande route des Gaules en Espagne ; mais sur quel emplacement était-elle située ? On ne le sait pas exactement. D’après la tradition, le guide le plus sûr en pareille matière, Boïos se trouvait autrefois à plusieurs kilomètres de distance à l’ouest de La Teste de Buch. Aux premiers siècles du christianisme, cette bourgade fut ravagée par les Barbares, et, chose plus terrible encore, elle perdit le rempart de forêts qui la protégeait contre la marche des dunes. Maintenant le lieu qu’elle occupa est recouvert par des collines mouvantes ou par les eaux de l’Océan. Fuyant devant les sables, les Boïens ou Bouges fondèrent un deuxième village plus à l’est, dans la séoube (sylva) où s’élèvent aujourd’hui les monticules connus sous le nom de Dunes de l’Église. Des amas de briques et de plâtras, au milieu desquels on a récemment découvert plusieurs squelettes, marquent encore la place occupée par le village des fugitifs. Sans doute la forêt protectrice qui retenait les sables fut détruite pour la seconde fois par la hache ou par le feu, car La Teste de Buch, ou capitale