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Page:Revue des Deux Mondes - 1863 - tome 48.djvu/481

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est souvent mis en réquisition pour les travaux du parc.

Quelle que soit l’importance des résultats obtenus par M. Coste dans sa « ferme-école » de l’île aux Oiseaux, ces résultats n’autorisent point à porter un jugement définitif sur l’avenir de l’ostréoculture, telle qu’elle se pratique dans le bassin d’Arcachon. Pour hasarder une opinion, il importe avant tout de connaître la situation des entreprises privées dans lesquelles la question pratique des bénéfices annuels est prise en considération : ce sont les propriétaires qu’il faut consulter. Au nombre de plus de cent dix, ils ont obtenu la concession de pays ayant en moyenne de 3 à 4 hectares de superficie, et comprenant ensemble 400 hectares, c’est-à-dire plus de la moitié des fonds émergens qui conviennent à l’élève des huîtres. Ces parcs, situés principalement autour de l’île aux Oiseaux et sur les bords des chenaux de La Teste, de Gujan, du Teich, d’Arès, occupent presque sans exception des crassats où il n’existait pas d’huîtres avant l’époque de la concession. Suivant l’exemple qui leur avait été donné pour la première fois par divers habitans de La Teste, et qu’a renouvelé plus tard sur une grande échelle le fondateur de l’établissement domanial, les propriétaires ont ensemencé leurs parcs au moyen d’huîtres pêchées sur les crassats du fonds commun ou bien importées à grands frais des diverses contrées de la France et de l’étranger ; ils ont également imité, en les modifiant de plusieurs manières, les appareils collecteurs qui servent à fixer le naissain. Leurs efforts, continués avec persévérance, n’ont point été infructueux ; mais en général les propriétaires ne réalisent de bénéfices qu’à la condition d’acheter chaque année du renouvelain, c’est-à-dire des huîtres du fonds commun, qu’ils sèment dans leurs parcs. La production n’est pas assez rapide pour que le naissain suffise à repeupler les crassats après l’enlèvement des huîtres marchandes, et le nombre des mollusques ne peut être maintenu que par de continuelles importations. On évalue à sept ou huit par mètre carré la proportion des huîtres qui vivent sur les fonds concédés du bassin d’Arcachon ; à ce taux, il existerait environ 30 millions d’huîtres dans la partie de la baie exploitée directement par les propriétaires. D’après M. Coste, le bassin, bien exploité, devrait fournir annuellement au commerce 800 millions d’huîtres, donnant un revenu de 14 à 15 millions de francs[1]. On le voit, les producteurs ont encore beaucoup à faire pour réaliser les espérances qu’on fonde sur eux.

Il faut reconnaître d’ailleurs que, pour récolter des huîtres, les

  1. En 1862, le revenu brut des huitrières s’est élevé à 376,000 francs. Depuis cinq ans, la production totale a été de 65 millions d’huîtres, représentant, à 2 francs 50 centimes le cent, la somme de 1,625,000 francs.