Page:Revue des Deux Mondes - 1863 - tome 48.djvu/972

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
L'AGITATION ALLEMANDE
CONTRE
LE DANEMARK

Une des causes qui rendent fort confuses à nos yeux certaines querelles presque permanentes au-delà du Rhin, c’est assurément que les institutions, les idées et les mœurs avec lesquelles nous avons rompu à la fin du siècle dernier subsistent par lambeaux épars chez les peuples de race allemande, et peuvent s’y rencontrer, soit en luttes, soit en alliances contre nature, avec des aspirations tout autres, par exemple avec un sentiment exagéré de la démocratie et du principe tout moderne de la nationalité. Les restes d’un âge que l’on qualifie assez justement en l’appelant encore féodal vont sans doute, chez nos voisins, se dissolvant sans cesse ; ils n’en conservent pas moins assez de vie pour empêcher de nouvelles et fermes assises et pour entretenir une incertitude qui se traduit à certains momens par des crises très redoutables. En étayant ces restes vermoulus et en leur construisant des cadres commodes, les traités de 1815 ont préservé l’Allemagne d’une dissolution subite et complète, mais ils ont en même temps préparé de graves difficultés à ceux des souverains limitrophes de l’Allemagne qu’ils y ont incorporés en partie. À dater du jour où ces souverains ont voulu faire un pas en avant, adopter par exemple les idées et les formes constitutionnelles, ils se sont sentis retenus par mille relations féodales issues de leurs provinces allemandes, et se sont vus menacés même quelquefois par l’opposition de ces deux forces contraires. Cette agitation, de caractère essentiellement germanique, est précisément le fait qui domine l’histoire des rapports du Danemark avec l’Allemagne, surtout depuis 1848, c’est-à-dire pendant le règne qui vient de finir. Le difficile problème de constituer la monarchie danoise dans son intégrité en y faisant pénétrer les principes de la liberté moderne était échu à