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conservé pour ce type célèbre, que, lorsqu’il fallut transformer le Tourville en vaisseau à vapeur, on l’exempta de l’opération du rallongement que subirent alors presque tous ses pareils. On tint à le laisser tel pour les formes qu’était l’Iéna et avec la même position du centre de gravité qu’avait ce vaisseau, lorsqu’après avoir été rasé, car c’était dans l’origine un vaisseau à trois ponts de 110 canons, il se fit une si grande réputation dans le monde des marins. Le Tourville a mérité les égards que l’on a eus pour lui. Dans les campagnes de la Baltique, il portait le pavillon de l’amiral Charles Penaud, et il y a montré par ses qualités qu’il n’avait pas dégénéré de sa glorieuse origine. C’est donc un vaisseau en bois et à deux ponts de 82 canons, portant un équipage de 850 hommes, un mois d’eau, trois mois de vivres et de rechanges, et 520 tonneaux de charbon. Sa longueur est de 61 mètres, sa largeur de 16 mètres 88 centimètres, son tirant d’eau moyen en charge de 7 mètres 80 centimètres, son déplacement de 4,550 tonneaux. Il porte la mâture de nos anciens vaisseaux de 90 canons ou de troisième rang, comme était par exemple le Suffren. La superficie de sa voilure est de 2,650 mètres carrés, et sa hauteur de batterie de 1 mètre 80 centimètres.

Ayant à sa portée un vaisseau qui fournissait les moyens de résoudre une fois pour toutes des questions si vivement controversées, même parmi les officiers les plus distingués, on s’adressa au ministre, qui accorda judicieusement l’autorisation d’armer le Tourville sous les ordres de M. Lacombe, capitaine de vaisseau. Ce n’était ni la puissance militaire du Tourville, ni la rapidité de sa marche, ni la longueur de son rayon d’action que l’on se proposait d’étudier : on savait à l’avance et d’une manière certaine qu’il serait sous tous ces rapports inférieur aux bâtimens des nouveaux types ; mais il passait pour avoir des roulis d’une amplitude relativement très réduite et pour jouir d’une facilité d’évolution infiniment plus considérable. C’est presque exclusivement sous ce double rapport qu’il a été employé comme terme de comparaison avec les autres ; c’est là qu’est l’enseignement.

Voilà pour les navires en bois et pourquoi ils furent attachés à la division d’essais. Passons maintenant aux navires cuirassés ; Ils étaient au nombre de cinq, offrant dans leurs formes et dans leurs lignes des traits de parenté très sensibles, mais présentant cependant trois modèles différens. C’était :

1° L’Invincible, commandée par M. Tabuteau, capitaine de vaisseau. C’est une reproduction exacte de la Gloire, dont nous avons parlé assez longuement déjà[1] pour que nous n’ayons pas à entrer

  1. Voyez la Revue du 15 juin 1862.