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déjà cultivées. Il y a près du village d’Otterlo une rangée de ces collines mouvantes qui couvre un espace de plus de 4,000 hectares. La moindre dénudation du sol, l’ornière d’une charrette, le creusement d’un trou, peuvent donner naissance à des sables mouvans, zandstuivingen. Le vent agrandit un peu l’ornière ou le trou et rejette le sable sur la bruyère ; les plantes étouffées meurent, la partie dénudée s’élargit, un petit monticule se forme qui se met en mouvement, la crête toujours en avant du côté de l’est, et la masse sablonneuse va sans cesse grandissant. Il y a deux moyens d’arrêter ces dunes et de conjurer le danger dont elles menacent les champs cultivés : le premier est de les recouvrir de mottes de bruyère, ce qui n’est possible qu’au commencement ; le second est de les circonscrire par une plantation de sapins. Autrefois, dès le XVe siècle déjà, on avait essayé de combattre le fléau : on avait nommé à cet effet un zandgraaf, un comte des sables. Aujourd’hui le gouvernement y consacre chaque année une petite somme et se fait adresser un rapport sur l’état des zandstuivingen. Beaucoup ont été fixés par des plantations de sapins, et quand on en met en vente, il se trouve toujours des amateurs intrépides pour les acheter. Il y a deux ans, j’en ai vu vendre 2,000 hectares pour 1,800 florins. Quoique ces sables soient bien plus mauvais que ceux des dunes, le sapin finit par y prendre racine, et par ce moyen on arrivera peu à peu à convertir ces dangereuses collines en bois productifs.

Lorsqu’on descend de la Veluwe en se dirigeant vers le midi, on rencontre la vallée basse et fertile où coulent les bras multiples du Rhin et de la Meuse ; mais au-delà on retrouve la région sablonneuse dans le Brabant septentrional et dans la partie occidentale du Limbourg. La constitution géologique du sol est la même, la terre n’est pas plus fertile ; seulement la culture y est mieux entendue. Plus de place est donné aux récoltes vertes, le seigle revient moins souvent, le trèfle est cultivé, et l’on se rapproche de l’assolement alterne. Ce sont à peu près les mêmes pratiques agricoles et les mêmes produits que dans la Campine belge.

Dans les divers cantons de la région sablonneuse, la culture est donc en voie d’amélioration, elle devient plus intensive ; celle de la Veluwe et de la Twenthe est supérieure à celle de la Drenthe ; dans le Salland, nous avons constaté un nouveau progrès, et le Brabant l’emporte même sur ce dernier district. En suivant cette progression, on arrive à un petit pays où, à force d’accumuler du capital et du travail sur un espace restreint, on a poussé la mise en valeur de la terre au plus haut degré d’intensité et de perfection. Le long des côtes de la Mer du Nord depuis l’Y jusqu’à l’estuaire des eaux réunies du Rhin et de la Meuse, les dunes sont très larges encore, et elles l’étaient bien plus autrefois ; mais depuis plus de quatre