Page:Revue des Deux Mondes - 1864 - tome 49.djvu/336

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui a coûté tant de sacrifices, qui a déjà fait tant de bien, et qui, bien dirigée, peut rendre encore de si grands services.

Un dernier district agricole digne d’étude se trouve dans la partie de la province du Limbourg située à l’est de la Meuse, et où l’on rencontre un terrain qui manque partout ailleurs en Néerlande. Le sol y est formé d’une argile fertile que les géologues allemands désignent sous le nom de löss et qui ne diffère guère du limon de la Hesbaye. Par endroit affleure au jour la craie blanche à silex, formation de l’époque secondaire, qui élève en Belgique, aux borda de la Meuse, ses falaises escarpées, et constitue, près de Maëstricht, la montagne de Saint-Pierre, si connue des géologues par ses ossemens fossiles et des touristes par ses catacombes, dont les galeries ont plusieurs lieues d’étendue. On voit que les anciennes révolutions du globe ont préparé ici un sol fait à souhait pour l’agriculture. La surface du pays est ondulée, mais les déclivités ne sont jamais assez fortes pour s’opposer au travail de la charrue. Les hauteurs trop abruptes sont plantées de chênes ou d’arbres résineux. Le cultivateur se procure à bon marché le fer des forges voisines de Liège et le combustible des houillères de la Meuse ou de celles de Kerkrade, qui appartiennent au gouvernement néerlandais. Le terrain, moins compacte que l’argile de la Belgique, livre en général un passage facile aux eaux, et n’exige que rarement le secours du drainage. De divers côtés, des bancs de cailloux roulés permettent de faire à peu de frais d’excellentes routes. Enfin la Meuse, qui traverse la province dans sa plus grande longueur, un canal qui réunit cette rivière à l’Escaut, des chemins de fer dans toutes les directions, offrent aux produits de l’agriculture des débouchés assurés et des transports si peu dispendieux que même le marché de Londres leur est ouvert.

Voilà sans doute bien des conditions favorables ; il faut rechercher cependant si l’on a su en tirer bon parti. Le nombre des propriétaires riches qui font valoir eux-mêmes leurs terres est assez considérable ; il s’ensuit que les grandes fermes de 50 à 100 hectares ne sont pas rares, et qu’à peu près partout les bâtimens de ferme sont grands, solides et bien entretenus. Le bétail est beau, mais il est peu nombreux. Sur une ferme de 100 hectares, on ne compte guère que 16 ou 17 vaches à lait, autant d’élèves, une centaine de moutons et 8 ou 9 chevaux. C’est à peu près le type de la ferme belge du Hainaut, si ce n’est qu’il y a moins de chevaux, parce que la terre est plus facile à travailler.

Le métayage est encore en vigueur, pour les céréales du moins, dans certaines parties du pays, surtout dans un district qui avait continué d’appartenir à l’Espagne après la révolution du XVIe siècle et qu’on appelle pour ce motif het Spansch Quartier. La location