Ah ! le vieux mâle ! sur son dos
Qu’on charge les plus lourds fardeaux,
Plomb ou pierre, qu’importe ?
Et qu’importe voile ou vapeur ?
Un vaisseau ne lui fait pas peur,
Il dit : Viens ! et l’emporte.
Tombe des pics, franchis le val !
Au grand galop comme un cheval
Rase la plaine immense,
Fends les lacs et fends les coteaux
De l’acier tranchant de tes eaux,
Mon grand fleuve en démence !
Mon grand fleuve rude aux flancs gris,
Que, dans l’écume, avec des cris,
Le mistral éperonne !
Passe magnifique, ô mon roi :
Nulle majesté mieux que toi
Ne porte sa couronne.
Passe et mire en ton cours fécond
Fillette brune et raisin blond,
Ceps rians, belles femmes ;
Heureux le peuple de tes bords !
Il a le vin, âme des corps,
Et l’amour, vin des âmes.
O fils des monts immaculés !
Tu roules toujours plus troublés
Tes flots de lieue en lieue ;
Rhône indigné, l’âme est ainsi,
L’âme qui se perd, elle aussi,
Dans l’immensité bleue !
EDOUARD PAILLERON.
Oui, vous êtes charmante, Alice, et je vous aime,
Vous, votre bouche rose et vos yeux étoilés,
Et cela tout autant que vous m’aimez vous-même,
Tout autant ! mais pas plus,… pas plus — si vous voulez.
Mon Dieu ! je vous comprends. Vous voudriez, madame,
— Si vous êtes bien sage et si je le permets, —