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d’origine française, mérite assurément qu’on s’occupe à la fois de ses progrès et des applications si diversement intéressantes dont elle est devenue en quelques années le point de départ.


I

Tant qu’ils ne sont pas entièrement décomposés et réduits aux seuls élémens minéraux, tous les corps organisés d’origine végétale ou animale, les débris même de ces corps, donnent lieu par la calcination au dégagement de gaz et de vapeurs complexes. Les principes constitutifs, — carbone, hydrogène, oxygène et azote, — en formant alors des combinaisons nouvelles, — acides, alcalines ou neutres, — produisent toujours certains composés gazéiformes de carbone et d’hydrogène, certains gaz carbures qu’on peut regarder comme des sources de lumière artificielle. On les obtient en chauffant jusqu’au rouge, en vases clos, non-seulement les corps organisés, végétaux ou animaux, mais encore les anciens débris de ces corps enfouis au sein de la terre, les tourbes, les lignites, les schistes bitumineux, les différentes houilles dites grasses, flambantes et sèches. Il faut néanmoins faire une exception pour l’anthracite, la plus ancienne des houilles, qui, presque uniquement composé de carbone, ne peut par la calcination dégager en quantité sensible ces gaz carbures[1].

C’est en concentrant sa pensée sur l’observation de ces faits déjà introduits dans le domaine de la science qu’un ingénieur des ponts et chaussées, Philippe Lebon, créa vers la fin du dernier siècle la fabrication économique du gaz d’éclairage, obtenu par la décomposition des bois et des houilles. Cette belle invention produisit une vive impression sur le public, lorsque de 1785 à 1800 on la vit réalisée par l’apparition du thermolampe. Cet appareil d’une assez grande simplicité de construction, sorte de poêle muni de quelques accessoires, développait en effet à la fois, comme l’indique le nom même, la chaleur et la lumière. Un troisième résultat que ne révélait point la dénomination de thermolampe, c’était de produire en même temps soit du charbon de bois, soit de la houille épurée, fournissant un chauffage sans fumée à l’économie domestique. Complète en principe, l’invention fut pratiquée dans des expériences

  1. Tous ces combustibles doivent Être considérés comme les débris plus ou moins complètement désorganisés des végétaux et des animaux des anciens âges, depuis les tourbes, qui se forment encore sous nos yeux, jusqu’aux lignites et aux houilles proprement dites. On sait qu’en étudiant les empreintes, parfois très nettes, des plantes intercalées dans les schistes limitant les couches de houille et dans les filets schisteux interposés, les botanistes ont pu reconnaître les familles végétales auxquelles ces plantes appartiennent et reconstituer ainsi une partie de la Houe des époques antédiluviennes.