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Cependant vers 1813 Windsor forma une grande compagnie pour l’éclairage par le gaz de la ville de Londres, et bientôt la fabrication prit en Angleterre, si l’on peut s’exprimer ainsi, son aplomb manufacturier. Les choses avaient marché moins vite chez nous, et cette industrie n’offrait que des avantages douteux, lorsqu’en 1820 le gouvernement fit établir, sous la direction de Pauwels, une usine destinée à l’éclairage du palais du Luxembourg, dans une ancienne église dépendante autrefois du séminaire Saint-Louis et située près de la rue d’Enfer, derrière la fontaine de Médicis. Cette usine introduisit l’emploi du gaz dans le théâtre de l’Odéon. Ce fut le premier exemple de ce mode d’éclairage dans un théâtre. L’usine dite du Luxembourg, après avoir fonctionné régulièrement pendant douze ans, fut supprimée en 1833. Peu de temps après, le même ingénieur manufacturier Pauwels, gérant de la Compagnie française, fondait deux grandes usines, l’une à Vaugirard, l’autre faubourg Poissonnière, à Paris ; MM. Manby et Wilson, directeurs de la Compagnie anglaise, en élevaient une à la barrière de Courcelles. Cinq autres établissemens importans furent ensuite formés par autant d’associations sous les noms suivans : Compagnie parisienne, Compagnie royale, Compagnie Lacarrière, Compagnie de l’Ouest, Compagnie Payn. Depuis 1850, toutes ces vastes usines ont été réunies en une seule et puissante administration générale, la Compagnie parisienne. Disposant d’immenses moyens d’action, affranchie d’ailleurs des entraves que rencontraient les établissemens rivaux dans la distribution du gaz sur des périmètres distincts, la Compagnie parisienne a donné à la production un développement rapide en harmonie avec les remarquables progrès du nouveau système d’éclairage dans les divers pays de l’Europe. Bien peu d’industries ont déterminé un pareil mouvement d’inventions[1], et, si l’on passe de l’histoire de nos usines aux travaux qui s’y accomplissent chaque jour, on verra que bien peu d’industries aussi appelaient sous des formes plus diverses et plus délicates le concours de la science.

Un court exposé des lois théoriques qui président aux conditions du développement économique de la lumière artificielle est un préambule indispensable à une étude sur la fabrication du gaz. On doit remarquer tout d’abord qu’au point de vue théorique de la production de la lumière, il n’y a qu’une différence bien légère entre les

  1. Depuis 1820, plus de huit cents brevets ont introduit autant de modifications, les unes importantes, les autres éphémères, se succédant à de courts intervalles, dans la construction des fours et des cylindres distillatoires, dans la disposition des appareils et des machines à extraire, conduire, épurer, compter et distribuer le gaz, et dans les moyens d’en accroître la puissance lumineuse.