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chemins de fer[1]. Le dépôt, contenant beaucoup de naphtaline cristallisée, est réservé pour obtenir, par la combustion dans des appareils spéciaux, un très beau noir de fumée, applicable aux impressions typographiques et lithographiques, à la peinture, etc. Il reste enfin dans la chaudière de l’alambic 750 kilogrammes de goudron épaissi, désigné sous le nom de brai gras. Cette sorte de résidu, naguère produit en excès, constitue aujourd’hui, surtout en raison des masses considérables de houilles menues auxquelles il donne un emploi utile, la partie la plus intéressante de la grande exploitation nouvelle[2].

Les houilles menues en général ont une si faible valeur, soit à cause des substances étrangères terreuses, des schistes et pyrites qu’elles contiennent, soit par la difficulté de les faire brûler, que la plus grande partie reste invendable aux alentours des puits de mine. Il s’en trouve en ce moment plus de 800,000 tonnes (800 millions de kilogrammes) qui encombrent l’exploitation de Charleroi. Or ces menus, débarrassés par une lévigation mécanique des substances étrangères, ont la même puissance calorifique que l’excellente houille de cette exploitation. Après les avoir ainsi purifiés, on leur donne les formes et les dimensions les plus favorables à la combustion sur les grilles des locomotives en les agglomérant avec 8 de brai gras pour 92 de menus épurés. Le mélange, porté à la température de 300 à 350 degrés par la vapeur surchauffée, devient pâteux ; on le refoule mécaniquement, sous une forte pression, dans des moules cylindriques ou rectangulaires, et l’on obtient après le refroidissement, soit des cylindres solides compactes mesurant 13 centimètres de diamètre et 5e, 5 de hauteur, pesant 8k, 950g, soit des blocs prismatiques (parallélipipèdes rectangles) dont la base a sur un côté 14e, 75, sur l’autre 18e, 5 et 29e de hauteur ; chacun de ces blocs pèse 10k. On voit, en adoptant ces dimensions pour base de calcul, que la densité de ces menus fragmens agglomérés est à très peu près de 1,300, c’est-à-dire égale à la densité réelle de la houille.

Tels sont les morceaux volumineux et denses que l’on désigne sous le nom d’agglomérés. On les charge très facilement sur les grilles des foyers de locomotives ; ils s’enflamment aussitôt au contact

  1. Cette huile, en ce moment plus complètement épurée d’après les procédés de M. Lemire, brûle facilement dans les lampes Carcel et donne une très belle et très économique lumière ; dans quelque temps, il n’en restera plus pour imprégner les bois. Déjà l’on peut y suppléer en employant du sulfate de cuivre, suivant le système perfectionné de MM. Legé et Fleusy-Pironnet.
  2. La différence de 60 kilogr. entre le poids total des trois produits principaux obtenus et le poids initial des 1,000 kilogr. de goudron brut employé représente la déperdition éprouvée dans cette opération distillatoire.