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monter à la même époque la division de la surface terrestre par des méridiens qui s’étendent d’un pôle à l’autre et par des cercles parallèles à l’équateur, et comme les contrées connues des anciens étaient supposées, peut-être à tort, s’étendre beaucoup moins du nord au sud que de l’est à l’ouest, les premières divisions reçurent le nom de degrés de longitude, et les secondes furent appelées degrés de latitude. Dans l’un et l’autre sens, la circonférence fut divisée en trois cent soixante parties. C’est ce qu’on appelle les coordonnées géographiques, dont on fait encore usage aujourd’hui. La situation d’une ville, d’une montagne ou d’un port de mer est déterminée sur le globe et sur la carte lorsqu’on en connaît la longitude et la latitude.

L’un des premiers sujets d’étude que devait se proposer l’activité des astronomes était de mesurer les dimensions du globe terrestre, c’est-à-dire de mesurer le diamètre ou la circonférence de cette sphère immense sous la forme de laquelle on se figurait la terre. Le premier essai de ce genre remonte loin. Ératosthène avait remarqué qu’à Syène le soleil ne projetait aucune ombre au moment du solstice d’été, et il en avait conclu avec raison que cette ville était située sous le tropique. Ayant mesuré en outre la longueur d’ombre que donnait le soleil à Alexandrie à la même époque de l’année, il avait calculé qu’Alexandrie est à 7° 12′ au nord de Syène ; puis en évaluant assez arbitrairement la distance de ces deux villes, qu’il supposait être sous le même méridien, il était arrivé à donner à la circonférence terrestre une longueur de 250,000 stades environ. D’autres astronomes contemporains obtinrent par des observations analogues des résultats un peu différens. Ces mesures grossières manquaient naturellement de précision, et l’on peut d’autant moins en apprécier l’exactitude que la vraie valeur du stade, unité de mesure employée par les Grecs, nous est inconnue.

Les observations astronomiques dont dépendent les mesures géodésiques ne purent faire de progrès sensibles jusqu’à l’invention des lunettes. Il s’agit, dans les opérations de ce genre, de mesurer avec une extrême justesse certains angles, et la lunette est indispensable, moins pour grossir les objets que pour en donner avec une parfaite netteté la direction. Au XVIe siècle, Tycho-Brahé mesurait les angles à l’œil nu à une minute près ; ses contemporains, moins habiles, étaient loin d’obtenir cette approximation, tandis qu’aujourd’hui il est aisé de pousser jusqu’aux secondes et même aux très petites fractions de la seconde la précision des mesures angulaires.

L’invention des lunettes datant de 1609, la mesure de la terre ne fut reprise avec succès qu’au XVIIe siècle. Avant d’énumérer