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L’ÉCONOMIE RURALE
EN NÉERLANDE
SCÈNES ET SOUVENIRS D’UN VOYAGE AGRICOLE.

IV.

LES CULTURES ET LA PRODUCTION HOLLANDAISES.


La Hollande était autrefois, avec Venise, l’état européen qui devait la plus grande part de sa richesse au commerce et la moindre à l’agriculture. Ce qui permettait au pays de subsister, ce n’était pas la charrue ouvrant à grand effort le sein d’une terre trop humide et sans cesse menacée par les eaux, c’était le navire sillonnant librement les flots de toutes les mers. Un ancien écrivain hollandais, pour dissimuler l’infériorité de sa patrie au point de vue agricole, disait dans ce latin relevé d’antithèses qu’on aimait alors : « Hollandia non floret agricultura, sed agricultura floret in Hollandia (la Hollande ne prospère pas par l’agriculture, mais l’agriculture prospère en Hollande). » Un de ses compatriotes, esprit éminent et trop peu connu, un des précurseurs de l’économie politique au XVIIe siècle, l’ami et le collaborateur de Jean de Witt, Pieter de La Court, avoue, lui, franchement, que, sans le commerce, le sol de son pays ne vaudrait pas la peine d’être mis en culture, et cette idée revient sans cesse dans les publications du temps. Ni l’état ni les particuliers ne songent à encourager ou à protéger cette branche de la production nationale, complètement abandonnée aux mains des paysans.