Page:Revue des Deux Mondes - 1864 - tome 50.djvu/750

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

on vanterait sa modestie laborieuse, on lui saurait gré de n’avoir pas douté de l’esprit de notre époque et de n’avoir pas désespéré de la force morale de la discussion. En cas d’insuccès, on finirait par accuser l’abstention systématique de la France, et nous ne voyons pas quels avantages cette abstention aurait pu nous procurer au point de vue des alliances. Enfin l’esprit français, les intérêts économiques français souffrent de cette longue réserve silencieuse. C’est le premier besoin de ce pays de voir clair devant lui. Il veut savoir où on le mène. Il devient nerveux et impatient lorsqu’il est réduit à percer de ses conjectures incertaines les méditations secrètes de son gouvernement, lorsqu’il est arrêté trop longtemps devant ces trois questions comme en un carrefour : le gouvernement pense peut-être à quelque chose, peut-être à tout, peut-être à rien. La réunion de la conférence ferait cesser cette incertitude vraiment anxieuse de l’opinion publique. Une autre occasion d’obtenir des éclaircissemens nécessaires se présentera quand viendra devant le corps législatif la discussion du budget. À mesure qu’éclatait le conflit dano-allemand, l’Italie a tenu pendant quelque temps une grande place dans les préoccupations inquiètes de l’opinion. On redoutait que l’Italie ne vît dans les opérations militaires de l’Autriche dans le Slesvig une de ces occasions que le roi Victor-Emmanuel appelait publiquement au début de cette année avec une impatience prophétique. Ces alarmes sont aujourd’hui beaucoup calmées ; la bonne conduite du gouvernement italien a rassuré les esprits. Le ministère italien travaille avec une fort louable activité à l’organisation financière du pays. Aux projets de loi de M. Minghetti dont nous avons parlé, nous devons ajouter celui que le ministre du commerce, M. Manna, a présenté et fait passer au sénat. Chose curieuse, au moment où en France des financiers, soutenus en cela par des économistes qui ont des idées assez peu claires, assez peu saines en matière de crédit, cherchent à se servir parmi nous de la Banque de Savoie pour préconiser et établir le système de la pluralité ou plutôt de la dualité des banques, et tandis qu’avec cette polémique intempestive on a contrarié dans une période difficile le crédit de la Banque de France et le crédit de l’état, l’Italie et son ministre du commerce, qui est un économiste éminent, ont travaillé à réaliser l’unification des banques. Il reste au projet de M. Manna à subir l’épreuve du vote de la chambre des députés. Peut-être recevra-t-il dans cette chambre quelques modifications de détail ; mais l’organisation unitaire de la Banque d’Italie est dès à présent assurée, et l’on peut prédire qu’elle fonctionnera en 1865. L’Italie est donc tranquille ; la seule exception au repos intérieur dont elle jouit se présente encore dans quelques provinces napolitaines où le brigandage essaie de reparaître. Il est certain que les brigands signalés sont partis de Rome, et ont profité de l’odieux droit d’asile dont ils jouissent dans les possessions pontificales pour s’abattre de nouveau sur les provinces napolitaines. On sait aujourd’hui ce qu’est le brigandage par