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par se fondre dans les rangs de l’armée italienne. Ils y ont apporté sans contredit des élémens utiles, beaucoup de bravoure personnelle, l’habitude des marches rapides, cette décision de caractère et ces ressources d’esprit qui s’acquièrent dans les guerres de partisans.

Telle est, résumée en quelques traits, l’histoire militaire de la péninsule pendant ces quinze dernières années : elle laisse, si nous ne nous trompons, cette impression, que ni les soldats ni les généraux n’ont manqué à l’Italie. Sur tous les points où les circonstances l’ont exigé, un mouvement militaire s’est produit, les populations ont pris les armes, des armées se sont organisées spontanément. Il faut compléter ce tableau par quelques détails sur les développemens que l’armée italienne a pris depuis la fin de la période des annexions.

Au commencement de l’année 1862, le nouveau royaume comptait 255,000 hommes sous les armes. Les contingens venus des diverses parties de la péninsule se présentaient dans les proportions suivantes : 110,000 hommes des anciennes provinces, 60,000 de la Lombardie, 17,000 de l’Emilie, 15,000 de la Toscane, 5,000 de l’Ombrie et des Marches, 48,000 des provinces napolitaines et de la Sicile. Peu à peu d’ailleurs la diversité d’origine s’efface dans ces troupes. Au moment de la création des régimens et des brigades, on leur a donné des noms qui indiquaient la provenance des soldats, « lanciers de Milan, chevau-légers de Lucques, hussards de Plaisance, grenadiers de Naples, brigades d’Ombrie, des Marches, des Abruzzes, etc.; » mais en même temps chaque régiment recevait son numéro : le nom tend à disparaître, le numéro à prévaloir, d’autant plus que les soldats des différentes provinces se mêlent de plus en plus dans un même régiment[1].

C’est dans le rapport présenté sur le budget de la guerre pour l’année 1863 par le général Petitti, alors ministre, qu’il faut chercher les dernières données qui aient été publiées sur l’effectif de l’armée italienne. Les chiffres mentionnés dans ce rapport peuvent être considérés comme applicables à l’état de choses actuel, car ils ont été admis par le général della Rovere, qui a succédé au comte Petitti. D’après les développemens présentés par le ministre au sujet du budget de 1863, l’armée italienne, sur le pied de paix,

  1. Cette armée se trouve répartie dans sept grands commandemens militaires, dont les sièges sont à Turin, à Milan, à Parme, à Bologne, à Florence, à Naples et à Palerme, l’île de Sardaigne formant un commandement accessoire. Ces grandes circonscriptions territoriales ont chacune à leur tête un général d’année, dont le grade correspond à celui de nos maréchaux de France. La hiérarchie est d’ailleurs eu tout semblable à celle de l’armée française.