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paix, l’armée se compose des cinq dernières levées, et en temps de guerre les six précédentes, provisoirement congédiées, peuvent être rappelées. À cette réserve de la première catégorie s’en ajoute une autre. Dans chaque tirage, le second cinquième des conscrits forme une levée dite de seconde catégorie. Ces hommes, en temps ordinaire, après avoir reçu pendant six semaines l’instruction nécessaire au fantassin, sont renvoyés dans leurs foyers, où ils restent pendant cinq ans à la disposition du ministre de la guerre : c’est donc là une nouvelle réserve presque égale en nombre à la première. Les corps spéciaux qui ont besoin de soldats exercés, les bersagliers, la cavalerie, l’artillerie, le génie, le train, n’ont pas de réserve dans la deuxième catégorie.

En examinant la proportion numérique qui existe dans l’armée italienne entre les différentes armes, en comparant ces résultats à ceux que donnent les armées étrangères, et notamment l’armée française, les auteurs de l’Annuaire statistique ont fait ressortir quelques particularités intéressantes pour les tacticiens[1]. C’est d’abord la très faible proportion de cavalerie que renferme l’armée italienne. Il faut dire que l’armée française est, dans toute l’Europe, celle qui compte la cavalerie la plus nombreuse, et que c’est une opinion qui paraît s’être accréditée parmi les militaires, à la suite des dernières campagnes, qu’on pourrait sans inconvénient en supprimer une partie. La facilité qu’un pays présente pour nourrir des chevaux, la configuration des contrées qu’on peut avoir à défendre en cas d’invasion étrangère, influent naturellement sur la quantité de cavalerie qu’une armée doit entretenir, et sous ce rapport on s’explique que la France et l’Italie ne soient pas dans les mêmes conditions ; mais les chiffres font ressortir une différence vraiment considérable, et c’est aux stratégistes à se demander si, en admettant que la France pèche par excès, l’Italie ne pèche pas par défaut. Il est bon de noter d’ailleurs qu’il ne s’agit pas là d’un fait transitoire, mais bien d’un état normal. On pourrait être tenté de croire en effet que l’Italie a été au plus pressé, qu’elle a formé des fantassins avant de dresser des cavaliers ; mais il n’en est pas ainsi : il s’agit d’une proportion établie de propos délibéré par le général Petitti et acceptée par son successeur. Une remarque du même genre se présente, si on regarde les chiffres relatifs à l’artil-

  1. Si l’on exprime en centièmes la composition de l’armée italienne, on trouve que l’infanterie y entre pour 83e,8, — la cavalerie pour 6e,9, — l’artillerie pour 7e, — le génie et le train pour 2e,3. Et si l’on prend pour terme de comparaison l’organisation militaire de la France, on reconnaît que dans l’armée française l’infanterie entre pour 71e — la cavalerie pour 16e,6, — l’artillerie pour 10e, 8, — le génie et le train pour 1e,6.