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tout le royaume; la situation ne s’améliora pas; les recettes ne furent pas supérieures à celles de l’année précédente, les dépenses s’augmentèrent de 100 millions. A la fin de cet exercice, après avoir épuisé les ressources de l’emprunt (497 millions), aliéné 200 millions de biens domaniaux ou de rente, on laissait encore pour les deux années 1861 et 1862 un déficit de 375 millions.

Il fallait aviser. L’opinion demandait énergiquement qu’un plan fût tracé pour l’avenir. En tout pays, alors même que les budgets se soldent par un excédant de dépenses, ils se votent avec un excédant de recettes. L’Italie n’en était plus là, elle était réduite à voter des budgets où la dépense était à peu près double de la recette. On ne votait pas par année, mais par douzièmes provisoires, au jour le jour; le résultat n’en était pas moins clair pour tout le monde. C’est alors que fut mis au jour, avec une grande solennité, le plan financier de M. Minghetti. Le ministre des finances demanda un intervalle de quatre années, s’étendant de 1863 à 1866, pour faire rentrer dans son fit le torrent débordé. Les principaux traits de son projet sont les suivans. Les budgets italiens sont désormais divisés, à l’exemple de la France, en ordinaire et extraordinaire. Par une série d’économies soigneusement étudiées, le ministre diminue graduellement pendant les quatre années l’écart formidable qui existe entre les dépenses et les recettes ordinaires. Les dépenses extraordinaires sont limitées à 100 millions par an. D’après ces données, les ressources que le ministre doit se procurer, pendant la période transitoire des quatre années, en dehors des recettes prévues, se montent à 1 milliard 200 millions[1]. Il y pourvoit en faisant un second emprunt de 700 millions, en émettant 150 millions de bons du trésor, en aliénant 200 millions de biens domaniaux et 150 millions de biens appartenant à la caisse ecclésiastique. De semblables plans, en attendant qu’ils allègent les finances, soulagent l’anxiété publique; en marquant la gradation des économies à réaliser ou des ressources à créer, en montrant ainsi de loin le but qu’il faut atteindre, ils permettent à chacun de contrôler la marche des services publics et de vérifier les résultats obtenus. Il serait prématuré d’émettre un avis sur l’issue qui est réservée à la tentative de M. Minghetti. L’emprunt a réussi, c’était le principal.

Le ministre poursuit avec énergie l’exécution de ses desseins. Il est bien clair, quelques économies qu’il réalise, qu’il ne peut obtenir l’équilibre cherché sans créer de nouveaux impôts. On peut citer à

  1. Ce sont les 375 millions qui constituent, comme on l’a vu, le déficit restant à la fin de 1862, 400 millions de dépenses extraordinaires à raison de 100 millions par an, enfin 425 millions représentant, toutes moyennes faites, la somme des écarts décroissans entre les recettes et les dépenses ordinaires.