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vitesse avec une continuelle vigilance, la gouverne par des efforts toujours efficaces tant qu’ils ne sont pas poussés à l’extrême et témoigne de sa constance en conservant les boules entre les limites d’écartement arbitrairement fixées. Lorsque l’une des limites est atteinte, l’appareil abdique, et l’on est averti de son impuissance ; mais jusque-là le remède précède le mal, la résistance n’attend pas pour s’accroître que le changement de vitesse se soit produit, et la machine, qui semble douée d’une prévoyance instinctive, se raidit ou se relâche avec une admirable souplesse pour soulager la puissance motrice ou la tenir en bride en lui mesurant la résistance avec la plus précise exactitude.

La fonderie de Fourchambault, l’usine de M. Sautters, constructeur de phares, et les ateliers de la maison Cail ont appliqué déjà le régulateur. Les conditions deviennent ici très différentes : la force motrice étant la vapeur et non un poids, il est facile de la réprimer directement en réglant l’admission à l’aide du système des boules sans recourir à l’emploi du ventilateur, qui ne serait d’aucune utilité. Le succès a été décisif ; on peut arrêter tout à coup le travail, les boules sont agitées un instant, mais la machine, sans ressentir aucun trouble, continue à tourner tranquillement avec une inflexible régularité.

M. Foucault a transformé très heureusement son appareil en vue d’une application plus importante encore. Sur les bateaux à vapeur, les régulateurs ordinaires sont complètement inefficaces ; l’action de la pesanteur, dérangée à chaque moment par les oscillations du navire, ne peut plus donner de résultat utile, et si, pour quelques instans seulement, la tempête soulève l’hélice au-dessus de l’eau, la puissante machine, qui conserve sa force tout entière, ne rencontre plus d’obstacles, et lance les ailes avec une violence tellement furieuse qu’elles se brisent parfois en retombant sur la mer. La disposition adoptée concilie l’exactitude avec la simplicité si nécessaire et si difficile à obtenir dans les appareils de ce genre. Le manchon auquel sont attachées les tiges qui portent les boules, au lieu d’être fixe, glisse librement le long de l’axe, et, par un renversement ingénieux, c’est le sommet opposé du parallélogramme articulé qui sert de point fixe. Ce système oblige les boules, quel que soit l’écartement des tiges, à rester dans un même plan horizontal ; leur poids devient alors sans influence sur le mouvement, et l’effet de la pesanteur est annulé. Pour que le cercle décrit par elles soit toujours parcouru dans le même temps, on démontre alors très aisément que la force centripète qui les sollicite doit être proportionnelle au rayon de ce cercle, c’est-à-dire à la distance des boules à l’axe, et cette condition est très heureusement et très simplement