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ter au taux le moins élevé, et Pitt put certifier sur l’honneur au parlement que pas un seul shilling n’avait été retenu par lui pour être distribué entre les amis de l’administration. C’était là une importante innovation, dont le but, à la fois utile et honnête, était trop évident pour que la moindre critique pût être exprimée, et c’est dans cette forme qu’à une seule exception près, dont nous aurons occasion de parler, tous les emprunts furent concédés par la suite. Le même système, introduit plus tard en France, y a été appliqué jusqu’en 1852.

Après avoir ainsi pourvu aux besoins de l’année, Pitt s’occupa de liquider les charges léguées par le passé. La dette à terme, on vient de le voir, était de 33 millions de livres sterling, dont une partie, environ 11 millions 1/2, provenait d’emprunts successivement faits à la Banque d’Angleterre; 4 millions 1/2 étaient dus à la compagnie des Indes, et le surplus consistait en bons de la marine, de l’artillerie, des vivres, et en billets de l’échiquier, qui pesaient lourdement sur toutes les négociations du trésor. Pitt entreprit d’éteindre ces divers effets par deux consolidations, dont l’une, de 6,600,000 livres sterling, eut lieu en 1784, l’autre, de 11 millions, l’année suivante, et il profita de cette circonstance pour faire l’essai d’un fonds 5 pour 100 qu’il préférait aux 3 et 4, parce qu’une dette contractée dans un fonds supérieur, créant une marchandise moins abondante, lui paraissait devoir être d’une libération plus facile et plus prompte. « J’ai toujours cru, dit-il dans la discussion qui eut lieu à ce sujet à la chambre des communes, qu’un fonds élevé vaut mieux qu’un fonds inférieur, que le 4 pour 100 est préférable au et le 5 au 4. La raison en est que, dans toutes les opérations de finances, il faut toujours avoir en vue les moyens de libération. Racheter et éteindre graduellement la dette doit être le but d’un gouvernement sage : toutes les opérations doivent être préparées et dirigées vers cette fin. »

De pareils principes se trouvaient en complète opposition avec ceux qui étaient admis et pratiqués à cette époque, et, malgré le désir qu’avait eu Pitt de contracter l’emprunt de 6 millions en 5 pour 100, il avait dû y renoncer en présence des répugnances exprimées par les banquiers. Ces répugnances étaient fondées sur ce que, le prix du 5 pour 100 étant plus voisin du pair que celui des fonds inférieurs et la possibilité du remboursement ou d’une réduction d’intérêt étant plus prochaine, le 5 offre moins d’avantage que le 3 pour 100. Néanmoins, convaincu de l’utilité de l’entreprise, Pitt voulut en faire l’essai. D’après le cours des fonds publics, le prix des rentes 5 pour 100 données en échange des effets retirés aurait dû être de 95; mais, pour faciliter l’opération, il ne les émit