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dans une complète indépendance de l’autorité administrative, par le moyen de leurs kmètes assistés d’un conseil communal (skoupe) composé des anciens et des notables.

La hiérarchie judiciaire comprend une cour d’appel et de cassation à Belgrade, — 18 tribunaux de première instance, dont 1 pour la ville de Belgrade, les 17 autres siégeant aux chefs-lieux des départemens, — des tribunaux ou justices de paix en nombre à peu près égal à celui des communes, composés du kmète et de deux assesseurs. — La principauté forme quatre diocèses, divisés en autant de protopopies que le diocèse renferme de départemens. L’archevêque de Belgrade, chef suprême et unique de l’église serbe, prend le titre de « métropolitain de Belgrade et de tout le pays serbe. » Les revenus ordinaires de l’état sont, d’après le nouveau budget (1864), de 9,272,000 francs. Les dépenses prévues pour la même année s’élèvent à 10,307,000 fr. Le commerce extérieur a présenté en 1862, malgré la crise, un produit total de 33,200,000 fr. En 1846, il n’atteignait pas 20 millions. L’effectif de l’armée régulière est peu considérable, 4,000 hommes au plus; mais à côté de cette armée il y a ce qui constitue la véritable force militaire de la Serbie, une milice organisée sur le modèle de la troupe permanente, avec ses cinq grands commandemens (voïvodies), son état-major, ses cadres complets en officiers et son premier ban de 50,496 hommes, infanterie, cavalerie, artillerie, armés, équipés, pourvus du matériel nécessaire et prêts à marcher au premier appel. Ces 50,000 hommes ne représentent d’ailleurs que le quart des miliciens inscrits, les trois autres quarts formant un arrière-ban qui peut être mobilisé en quelques semaines. Un tel chiffre, comparé à celui de la population, pourra paraître exorbitant. Il s’explique par les circonstances particulières où se trouva la Serbie après le triomphe de l’insurrection. La nation était sortie tout armée du sein de la révolution. Pendant la guerre de l’indépendance, tout le monde se fit soldat, tout le monde après la guerre resta soldat. En 1848, suivant le rapport des officiers français envoyés en mission à Belgrade par le général Aupick, ambassadeur de France à Constantinople, la Serbie était en état de mettre sur pied, dans l’espace de trois semaines, 100,000 combattans, et jusqu’à 150,000 dans un instant de péril suprême. La nation possédait en elle les élémens d’une forte organisation militaire; le gouvernement n’a eu qu’à les rassembler et à les coordonner.

L’instruction publique a fait de notables progrès. Les premières écoles en Serbie ne remontent pas, on l’a vu, au-delà de 1836. Or, d’après un rapport du ministre de l’instruction publique et des cultes en date du 30 avril (12 mai) 1863, il existait dans la principauté, à la fin de l’année scolaire 1861-62, 321 écoles dans les-