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par le cabinet : l’effectif de la marine fut porté à 100,000 hommes; celui des troupes de terre, y compris la milice, à 150,000 hommes, un emprunt de 18 millions de livres sterling fut voté, et, pour en assurer le service, de nouvelles taxes furent établies sur le vin, les liqueurs, le café, le thé, la poudre à cheveux, cette dernière étant présumée devoir à elle seule produire 200,000 liv. sterl.

La garantie en faveur de l’emprunt contracté pour le compte de l’Autriche fut également accordée, mais non sans avoir donné lieu de la part de Fox aux plus amères critiques. « Pourquoi l’empereur, dit-il, a-t-il recours à notre crédit? Uniquement parce qu’il n’en a pas lui-même. Il y a en effet dans ses états et dans les autres des capitalistes parfaitement aptes à comprendre les avantages du placement, sans que nous prenions la peine de les leur démontrer nous-mêmes. Certes ils les ont vus, mais ils n’ont rien voulu avancer en raison des craintes que leur inspire l’emprunteur. Le prêt qui lui est fait n’est donc qu’un subside déguisé, et ce n’est pas là une opération loyale. Ainsi voyez la situation dans laquelle nous nous trouvons. Le seul concours que nous puissions avoir en ce moment est celui de l’empereur, et cependant, après avoir fait pour lui des sacrifices plus considérables que ceux que nous a coûtés l’aide de la Prusse, nous sommes exposés à en recevoir le même traitement. Il a plus de bonne foi, dit-on, que le roi de Prusse; mais on prétendait aussi que ce dernier en était rempli, et j’ai peu de confiance, quant à moi, dans la probité des souverains absolus. »

Outre cet emprunt de 4,600,000 livres sterling, le gouvernement anglais dut encore, en 1797, en contracter aux mêmes conditions un second de 1,620,000 livres sterling pour le compte du même souverain, et le capital nominal de la dette perpétuelle qu’ils créèrent l’un et l’autre fut de 7,502,630 livres sterling. Il fut convenu que le paiement des intérêts aurait lieu à la banque d’Angleterre, et les agens de l’empereur devaient à cet effet lui en verser le montant chaque semestre avant l’échéance. S’ils y manquaient, cet établissement devait s’adresser aux lords de la trésorerie, et ces derniers étaient autorisés à lui remettre la somme nécessaire en la prenant sur le fonds consolidé, de telle sorte que cette dette reposait sur les mêmes garanties que la dette anglaise. Le gouvernement autrichien promit même d’affecter chaque année à l’amortissement du capital une somme de 60,000 livres; mais aucun de ces engagemens ne fut rempli. En 1798, l’Autriche cessa de payer les intérêts, et depuis lors ils furent régulièrement acquittés aux échéances convenues avec les ressources du fonds consolidé. L’Angleterre ne voulut même pas qu’un marché auquel elle avait pris part ne fût point complètement exécuté, et qu’il pût en résulter le moindre préjudice