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nier, et les avances sur ce chapitre, ordinairement de 20,000 à 30,000 liv., n’avaient pas dépassé 150,000 liv. pendant la guerre d’Amérique. Au 31 janvier 1795, elles avaient atteint la somme de 2,513,762 livres sterling; au mois de décembre de la même année, elles montèrent au chiffre de 2,854,708 liv. sterl., et la créance exigible de la banque sur l’état s’éleva à 12,846,700 livres sterling. Les inquiétudes de la banque furent alors d’autant plus vives que, le numéraire disparaissant de la circulation, l’or devenait très cher. Aussi, lorsqu’au commencement de 1796 il fut question de contracter un second emprunt pour le compte de l’empereur d’Autriche, la cour des directeurs crut devoir signaler les périls auxquels une semblable opération exposerait la banque et en décliner la responsabilité. Le chancelier de l’échiquier recula devant une pareille protestation : l’emprunt n’eut pas lieu, il fut remplacé par des subsides, et le trésor réduisit même de 2 millions son compte courant avec la banque. Cependant l’or devenait de plus en plus rare : il s’exportait en masse à l’étranger. D’un autre côté, à mesure que le numéraire disparaissait, le besoin s’en faisait sentir davantage; les demandes de paiement en espèces augmentaient aux caisses de la banque; sa réserve métallique diminuait chaque jour, et sa gêne était déjà fort grande, lorsqu’au commencement de 1797 les bruits d’invasion vinrent répandre l’alarme en Angleterre. De toutes parts on se précipita vers les banques. Un grand nombre d’entre elles ne purent satisfaire à leurs engagemens; celle de Newcastle dut suspendre ses paiemens, et celle d’Angleterre fut assaillie de demandes de prêts et de remboursemens. Le samedi soir 26 février, son encaisse métallique n’était plus que de 1,280,000 liv. sterl., et il n’était pas probable que cette somme put suffire aux exigences du surlendemain. Les directeurs crurent devoir faire connaître leur embarras au ministre. Le conseil privé fut immédiatement réuni, et il y fut décidé que défense serait faite à la banque de payer en numéraire jusqu’à ce que le parlement en eut délibéré. Les directeurs se conformèrent à cet ordre, et de leur côté les principaux banquiers, marchands et commerçans de la Cité, réunis en assemblée, déclarèrent y donner leur adhésion. Peu de jours après, le parlement confirma la mesure qui avait été prise, et en prolongea l’effet d’abord jusqu’au mois de juin suivant, puis jusqu’à la fin de l’année courante, et enfin jusqu’à la conclusion de la paix.

Cette résolution, en sauvant la banque d’un désastre imminent, prévint une catastrophe financière qui aurait été également funeste à l’état et aux intérêts privés. L’assentiment patriotique qu’elle rencontra dans le haut commerce la fit accueillir avec confiance. Peu à peu les craintes d’invasion disparurent, et la publicité don-