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comme condition du renouvellement de son privilège, qui devait expirer en 1813, et fut prorogé jusqu’en 1833.

La guerre durait déjà depuis sept ans : sur mer, elle avait consacré la domination presque exclusive de l’Angleterre, dont le pavillon flottait victorieusement aussi bien dans la Méditerranée que dans l’Océan. Au loin, de riches colonies avaient été prises à la France, à la Hollande, à l’Espagne, et la conquête définitive de l’Indoustan venait d’être accomplie par la mort de Tippoo-Saïb et la destruction de l’empire de Mysore. Mais sur le continent européen les chances n’avaient pas été les mêmes, et si dans l’année qui venait de s’écouler la France avait éprouvé des revers, une partie des conquêtes faites depuis le commencement des hostilités lui était cependant restée. Pitt avait pourvu avec autant d’habileté que d’énergie à toutes les nécessités de cette lutte gigantesque, et il est intéressant de constater quelle était après tant d’efforts, au point de vue économique et financier, la situation de l’Angleterre.

On a vu que pendant les cinq premières années de la guerre les dépenses extraordinaires qu’elle avait occasionnées avaient été couvertes au moyen de ressources demandées au crédit. A mesure qu’il autorisait des emprunts, le parlement votait les taxes et surtaxes nécessaires pour assurer le service des intérêts et de l’amortissement; toutes celles établies depuis 1792 avaient eu exclusivement cette destination, et, conformément à un article de l’acte de consolidation, un compte spécial du produit était chaque année soumis au parlement, pour le mettre à même d’apprécier si l’exécution des engagemens de l’état était suffisamment assurée.

Malgré l’accroissement annuel de ces nouvelles taxes et la perception en 1798 et 1799 des contributions extraordinaires, les taxes créées antérieurement à la guerre rendirent en 1799 un million de plus qu’en 1792.

Le revenu total de l’année j 792 avait été :


Pour les taxes permanentes, de 14,284,000 l. st.
Pour le malt et le land-tax, de 2,750,000
Total 17,034,000 l. st.

Celui de l’année 1799 fut :


Produit des anciennes taxes permanentes 15,245,000 l. st
Produit des nouvelles taxes pour le service des emprunts 7,682,000
Produit du malt et land-tax 2,558,000
Part de l’état dans les profits de la compagnie des Indes 500,000
Bénéfice sur la loterie 250,000
Taxe sur le revenu 7,500,000
Total 33,735,000 l. st.

Les charges payées par le contribuable avaient donc doublé dans