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LA SAVOIE
DEPUIS L’ANNEXION

II.
L’ÉCONOMIE ET LA VIE RURALES DANS LES PLAINES ET LA VIE PASTORALE DANS LES MONTAGNES.

De tous les aspects sous lesquels la Savoie se présente aux regards de l’observateur, le côté agricole est celui qui attire le plus vivement l’attention. On voudrait connaître le système d’exploitation rurale, les animaux de labour et de rente, les instrumens d’agriculture et les habitudes de l’homme sur ce territoire d’un peu plus de 1 million d’hectares, tourmenté, coupé de vallées profondes, hérissé de hautes montagnes, se relevant et s’abaissant tour à tour comme les vagues d’une mer irritée[1]. A première vue, le domaine agricole paraît singulièrement rétréci par les accidens de terrain; mais dès qu’on pénètre dans les détails de la perspective, l’impression change, les lignes et les contours s’adoucissent, et les surfaces abruptes qu’on croyait retranchées de la production apparaissent revêtues d’une couche de terre sur laquelle les diverses cultures sont jetées par ordre de climat et d’altitude. Entre ces montagnes se creusent des vallées et des bassins dont la coupe renferme les produits les plus disparates, échelonnés sur les versans : la vigne et les céréales au bas, les châtaigneraies à mi-côte, plus haut la forêt, qui passe par toutes les essences de bois, depuis le chêne dur du

  1. Voyez la Revue du 15 novembre 1862.