Page:Revue des Deux Mondes - 1864 - tome 51.djvu/886

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
LE
TRAVAIL ET LES MŒURS
DANS LES MONTAGNES DU JURA.

SAINT-CLAUDE ET MOREZ.

Si les aspects de la nature ne se déploient nulle part avec plus de grandeur et de variété que dans les pays de montagnes, on ne peut en dire autant de la vie des populations qui les habitent. Le plus souvent au contraire on les voit traîner sur un sol ingrat une existence étroite et monotone. Pâtre ou bûcheron, l’homme est comme effacé dans un tel cadre. Cette attristante uniformité de la vie commune ne disparaît guère que dans les régions où quelque rameau du travail industriel heureusement acclimaté vient suppléer à l’insuffisance des ressources agricoles. Déjà nos montagnes des Vosges dans les vallées de Saint-Grégoire et de Saint-Amarin, nos montagnes du Forez sur les gradins du vaste amphithéâtre qui s’élève de Rive-de-Gier à Saint-Etienne, celles du Jura sur les hauteurs abruptes de Septmoncel, nous avaient présenté quelques-uns de ces tableaux où la physionomie des populations, sous l’influence d’une industrie spéciale, s’empreint d’une vive originalité[1]. Ailleurs encore, notamment sur la chaîne jurassienne, on rencontre des exemples non moins significatifs de ce que peut en face des sévérités de la nature le travail de l’homme énergiquement soutenu et

  1. Voyez la Revue du 15 février 1852, du 15 janvier 1853 et du 15 mai 1859.