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DE LA SECURITE
DANS
L’EXPLOITATION DES CHEMINS DE FER.


I.

C’est un spectacle sans doute imposant que celui du matériel d’un chemin de fer[1], de ces machines entretenues et perfectionnées avec tant de soin, de ces travaux d’art qui triomphent si hardiment des obstacles de la nature; mais qu’est-ce que ces merveilles, si elles sont une menace perpétuelle contre la vie des voyageurs? Obligés de nous abandonner aux voies ferrées, qui ont le monopole des transports, n’avons-nous pas le droit d’y exiger une sécurité relativement supérieure, et cette juste exigence n’explique-t-elle pas l’émotion générale que produisent les catastrophes encore trop fréquentes sur les chemins de fer? Il est donc à propos d’interroger les compagnies et de rechercher par quelles mesures, par quelle discipline sévère elles garantissent la vie des voyageurs et la célérité de la circulation. Il est admis que les accidens causés par les défaillances du matériel sont devenus très rares, et l’on pardonne presque la rupture d’un essieu comme un de ces événemens de force majeure qui défient la prudence humaine ; mais on recherche encore avec inquiétude comment se combinent les mouvemens complexes de ces trains qui se suivent ou se croisent en tous sens au milieu de difficultés infinies; on se demande quelle est l’âme collective, sans cesse agissante, qui anime, gouverne et maintient dans l’ordre voulu un ensemble où la confusion peut être

  1. Voyez, sur le Matériel des chemins de fer, la Revue du 15 juillet 1863.