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en détresse, c’est-à-dire arrêtés par un accident sur le parcours, loin des disques et des cantonniers. Le règlement charge alors un des employés du train d’aller à pied le couvrir à 1,000 mètres avec un drapeau ou fanal d’alarme en lui prescrivant de demeurer à son poste comme un cantonnier, dût-il y être abandonné par son train lorsque celui-ci reprend sa route. Quant au lieu de l’arrêt sur place il n’y a qu’un simple ralentissement, l’agent se borne à poser derrière le train, à des distances fixées, des pétards qui détonnent au passage du convoi suivant et lui donnent avis du danger. Enfin, pour débarrasser au plus tôt la voie courante de ces trains entravés dans leur marche, on leur envoie la locomotive de secours, toujours prête aux stations principales.

Le plus grand danger de rencontre est dû aux trains dits extraordinaires, qu’on n’a pas l’habitude d’attendre, comme les estafettes, les trains de plaisir, etc. Un signal particulier les annonce sur la voie. Ces trains ne circulent d’ailleurs que sur l’ordre direct du chef de mouvement, qui a fait leur part dans l’organisation primitive du service.

Tel est donc l’ensemble des mesures préventives adoptées : l’expérience complète celle-ci chaque jour et les modifie au besoin, en même temps qu’elle rend les signaux plus certains. Signaux et mesures se contrôlent réciproquement. Il ne peut donc survenir une catastrophe que par une succession de fautes ou par un désespérant concours de circonstances qui a trompé toutes les prévisions. Le progrès doit tendre au perfectionnement et au contrôle de ces signaux. On leur a déjà fait traverser bien des phases; mais telle est l’infirmité de l’homme que lorsqu’il change de système, il ne réussit trop souvent qu’à déplacer les inconvéniens. Il y a quelques années, on crut augmenter la sécurité en substituant aux agens, qui peuvent faillir, des appareils automoteurs appliqués aux signaux et aux aiguilles, etc. On dut bientôt reconnaître que, si les employés se trompent, les machines peuvent se dérégler à l’insu de tous, et qu’elles inspirent dès lors une fausse confiance. Cependant le temps améliore toutes choses, le réseau ferré se développe, et si l’on consulte la statistique, on verra que les collisions comme les déraillemens, loin de s’accroître, diminuent tous les jours en nombre et entraînent des suites moins désastreuses.

Le public est aujourd’hui assez rassuré à l’endroit des accidens causés par les perturbations de service ; mais il est un autre danger singulièrement redouté depuis une catastrophe récente; ce sont les attentats en voiture pendant la marche. Ces faits sont heureusement très rares. Parmi ceux qu’on a signalés, beaucoup ont perdu tout caractère de gravité devant les enquêtes judiciaires. S’il est