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Cous, mine Monspeliensis Hippocrates[1]. Le médecin du nord, ne reconnaissant pas dans les descriptions d’Hippocrate l’image des symptômes qu’il observe tous les jours, n’accorde au vieillard de Cos qu’un tribut d’estime traditionnelle ou d’admiration mitigée. Leurs doctrines médicales sont différentes, et tous deux ont partiellement raison. En médecine, les théories, généralisations prématurées et passagères, varient suivant les lieux et changent avec le temps. Je n’insiste pas davantage, je me résume, et je conclus à l’unité du bassin méditerranéen comme à la mieux établie de toutes celles qu’on a reconnues jusqu’ici à la surface du globe, car elle se déduit du climat, des conditions physiques du sol, de la faune, de la flore et de la nosologie comparées.


II. — SOUS-RÉGION DES HAUTS PLATEAUX. — SAHARA ORIENTAL.

En Algérie, la région méditerranéenne n’est point en contact immédiat avec la région saharienne ou désertique. Une chaîne de montagnes, l’Atlas, l’en sépare ; mais l’Atlas ne s’élève pas brusquement de la plaine, une série de gradins successifs s’échelonne sur l’un et l’autre versant de la chaîne, et nous appellerons, avec M. Cosson, cette zone la sous-région des hauts plateaux. Dans la province de Constantine, elle se continue avec la région montagneuse de la Kabylie et le massif des Ouled-Sultan. De vastes surfaces dénudées, semées de chotts ou lacs salés, dépourvues de végétation arborescente, parcourues en été par d’immenses troupeaux dont la dent ronge les plantes jusqu’à la racine, des montagnes pelées s’élevant brusquement de ces surfaces horizontales, tel est l’aspect général. Les cultures variées de la région méditerranéenne ont disparu ; l’orge est la seule céréale qui mûrisse sûrement ses grains. La vigne et l’olivier réussissent sur beaucoup de points, et sont destinés à couvrir un jour la nudité de ces plateaux que le libre parcours des troupeaux et l’incurie arabe ont dépouillés de leur verdure. Cependant, posées sur ces montagnes comme sur un piédestal, on retrouve encore quelques forêts de cèdres oubliées par les indigènes. Les plus belles ornent les crêtes et descendent dans les gorgés du Chellalah, près de Batna ; on en voit également dans le Djurjura et autour de Teniet-el-Had, au sud de Miliana. Quel contraste entre ces magnifiques forêts et les plateaux stériles qui y conduisent ! Jeunes, les cèdres de l’Atlas ont une forme pyramidale ; mais quand ils s’élèvent au-dessus de leurs voisins ou du rocher qui les protège, un coup de vent, un coup de foudre, un insecte qui perce la pousse terminale,

  1. « Hippocrate jadis à Cos, maintenant à Montpellier. »