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MAURICE DE SAXE

IV.
PRAGUE ET FONTENOY.


I

Maurice de Saxe a enfin ses grands jours, le brouillamini général vient de commencer. C’est lui-même qui caractérise ainsi la situation à la mort de l’empereur d’Allemagne. Charles VI laisse deux filles ; l’aînée, Marie-Thérèse, mariée à François de Lorraine, grand-duc de Toscane, héritera-t-elle de la puissance des Habsbourg ? Telle est la question qui va incendier l’Europe et faire couler des flots de sang. S’il ne s’agissait que d’enlever l’empire d’Allemagne à la maison d’Autriche, le débat serait bien simplifié. Il y a là un candidat tout prêt, l’électeur de Bavière, Charles-Albert, l’ancien allié de Louis XIV, envers qui la France est engagée par la reconnaissance autant que par l’intérêt politique ; Charles-Albert est désigné d’avance au choix des électeurs. Ce qui cause l’embrasement universel et ce qui sera un jour le salut de l’Autriche, c’est qu’une moitié de l’Europe, sans se soucier du droit, se persuade que toute la succession de Charles VI est ouverte, sa succession tout entière. On ne dispute pas seulement à Marie-Thérèse la couronne impériale qu’elle veut faire donner à son époux, on lui dispute ses états autrichiens. Le dernier des Habsbourg est mort ; à qui son héritage ? Du nord et du midi, des prétendans se sont levés : chacun d’eux