décidèrent que ces pouvoirs auraient à s’en charger. Comme, d’autre part, la constitution avait séparé l’église de l’état, il en résultait que la direction de l’instruction publique devait être, comme en Hollande, exclusivement laïque ; mais c’est ce que ne peut admettre le clergé catholique, qui prétend que la haute direction de l’enseignement lui appartient de droit divin, en vertu de la mission que Jésus-Christ lui a donnée, ainsi que le montre très bien le Jugement doctrinal de 1815. Quand, en 1842, une loi fut proposée pour régler l’enseignement primaire, l’évêque de Liège exposa les droits de l’église, ajoutant que, si on n’y avait pas égard, le clergé rendrait l’exécution de la loi impossible et au besoin soulèverait le pays contre elle. Ces menaces produisirent leur effet, et la loi fut faite de manière à satisfaire l’épiscopat. Quand, plus tard, un ministère libéral s’occupa d’organiser l’enseignement moyen, l’opposition de l’épiscopat prit un caractère plus violent, et il lança un manifeste pour condamner la loi qui ne répondait pas à ses exigences. Depuis lors, le clergé n’a cessé d’attaquer les établissemens publics dans le confessionnal et du haut de la chaire. Le thème du parti catholique est que le pouvoir civil, état ou commune, ne pouvant avoir de doctrines religieuses, est incapable d’enseigner, et qu’en outre le principe de la liberté d’enseignement ne permet pas qu’il fasse concurrence aux établissemens privés. Il faut donc, suivant ce parti, que l’instruction publique soit placée sous le contrôle de ce qu’il nomme l’autorité ecclésiastique, en attendant que les institutions de l’état et de la commune cèdent la place aux écoles de tout degré que les jésuites et les autres congrégations ouvrent de tous côtés, et qui ne tarderont pas à suffire, affirme-t-on, aux besoins des populations.
La multiplication illimitée des couvens transformés en personnes civiles avec les droits et sans les entraves de l’ancien régime, et l’enseignement complètement abandonné aux mains des communautés, tels sont donc les vœux du parti catholique, et ils ont été formulés récemment encore au congrès de Malines en deux articles adoptés aux applaudissemens unanimes de cette importante assemblée. C’est pour défendre le terrain conquis en 1789 contre cette restauration du moyen âge que le parti libéral s’est constitué et qu’il combat. On lui a reproché de ne pas faire assez pour le progrès. Le reproche n’est pas tout à fait fondé, puisqu’il s’efforce de répandre les lumières qui rendent tout progrès possible et légitime ; mais il est vrai que ce parti est avant tout négatif et conservateur. Il est facile d’en donner la raison. Dans les pays constitutionnels, il y a généralement deux partis, le parti du mouvement et le parti de la résistance, l’un voulant améliorer et l’autre conserver ce qui existe. Semblables aux deux forces opposées dont la résultante tient